Soyons tous conscients qu’aujourd’hui le pays a besoin de respirer et de se ressourcer. La population haïtienne, toutes classes confondues, a contribué à cette descente aux enfers, de par ses actions et son silence.
Aujourd’hui nous demandons aux politiciens, de prendre une pause jusqu’aux prochaines élections, de laisser le Momentum de la transition aux technocrates, conscients des enjeux actuels et ayant les compétences et expériences requises, pour donner une chance réelle au redressement de la situation. Ces hommes et ces femmes compétents sont là et veulent s’engager. Faites appel à eux et laissez les remplir leur mandat jusqu’à l’installation des nouveaux élus. Le pays ne peut pas être réduit à une marchandise dont chacun veut s’accaparer une part d’un gâteau , comme on le répète assez souvent, qu’un petit groupe décide de séparer entre eux depuis si longtemps et duquel l’on se demande ce qui en reste pour être aussi insatiable. Aucun gouvernement, quel que soit son appartenance, ne pourra donner les résultats attendus, si aucune forme de cohésion ne subsiste en son sein. Les partis politiques doivent permettre aux élus de gouverner le pays suivant un programme établi. Les partis politiques doivent arrêter de faire ingérence dans les affaires de l’État. Ils doivent accepter le fait que les élections se gagnent aux urnes et qu’ils ne peuvent accéder aux pouvoirs que par cette voie. Soyez des hommes et des femmes de réflexions, d’actions ; soyez des nationalistes. Vous dites que vous êtes populaires, prouvez-le aux urnes et non en exigeant à n’en plus finir des postes. Et assurez-vous de ne pas chercher à contrôler l’appareil électoral. Que le ou la meilleur-e gagne, dans la transparence, de manière démocratique !
Nous demandons au secteur économique de s’auto analyser et de penser à une autre manière de faire. Le monopole ne peut pas être une option. Il faut permettre aux investisseurs étrangers d’avoir accès au marché haïtien. Il faut donner à la classe moyenne l’accès aux crédits afin qu’elle puisse augmenter le portefeuille des PME. Un homme d’affaires ne peut pas être à la fois importateur, distributeur et détaillant. Il y a des lois qui régissent le marché des affaires et les hommes et femmes d’affaires haïtiens doivent apprendre à respecter les lois, pour permettre à l’État d’assurer une régulation correcte et efficace du marché. Le secteur des affaires doit comprendre que le Ministère du Commerce et de l’industrie (MCI), l’Administration Générale des Douanes (AGD), entre autres, ont besoin de leur autonomie et qu’ils ne peuvent pas exister pour servir les intérêts d’un secteur mais plutôt ceux du pays. En respectant les règles du jeu, vous permettez à l’État d’augmenter son assiette fiscale et, avec des personnes responsables et garantes de la bonne gestion des services publics, de disposer des recettes pour la continuité des services et la mise en place d’infrastructures devant faciliter le développement durable du pays et leur permettre en même temps de subvenir aux besoins de base de la population.
Nous demandons aux bourgeois de respecter leur statut en jouant leur rôle de régulateur. La bourgeoisie, dans un pays, analyse et pose des actions stratégiques dans le cadre du développement économique et social dudit pays. Dans tous les grands pays développés, les pays moyens comme ceux de l’Amérique latine et autres, le développement économique et social est issu des grandes idées et projets de la bourgeoisie. S’il n’y avait pas les Rockefeller, McCormick, Cargill et les autres grands investisseurs et industriels américains, ayant pris part à l’industrialisation de leur pays, comment seraient cotés les USA aujourd’hui à l’échelle mondiale et tant d’autres pays encore ? Le rôle de la bourgeoisie dans un pays est d’assurer la cohésion sociale et économique.
Nous demandons aux Élites d’assumer leur rôle dans la société et d’arrêter de croire qu’élite et bourgeoisie sont de la même école. Les élites sont les technocrates appeler à assurer la gestion de l’État et des institutions. Elles élaborent les politiques, les lois, les programmes et les procédures.
Nous demandons à la classe Moyenne de s’assumer et d’arrêter de croire qu’elle est obligée de s’assujettir pour obtenir des faveurs qui lui reviennent de droit. L’élite est issue de la classe moyenne. Une société sans classe moyenne ne peut évoluer. La classe moyenne occupe les universités et les lieux de recherche. Elle pense et propose les pistes de solution. Les professeurs d’école, sont les éducateurs des fils et filles de bourgeois et du peuple. Donc il faut arrêter l’exil. Les retombées de l’émigration de la classe moyenne vers les pays étrangers sont flagrantes.
Nous demandons aux jeunes de recommencer à penser, à produire des analyses et des actions responsables. La jeunesse doit se reprendre. Se prostituer et se tourner vers la criminalité en raison des problèmes économiques ne saurait être une première option. La jeunesse doit retourner sur les bancs de l’école (primaire, secondaire, technique et universitaire) afin de permettre au pays de retrouver ce niveau de pensée qui a fait d’Haïti la perle des Antilles par le passé. Haïti est l’un des pays de l’Amérique ayant produit les plus grands intellectuels du siècle passé. Nos écrivains et nos scientifiques occupent encore le devant de la scène aujourd’hui malgré cette image désolante que nous affichons.
Et à cette partie de la jeunesse qui s’est laissée aller à la dérive, qui a perdu de vue ses rêves et qui s’est tournée vers les gangs armés et le kidnapping, nous leur disons que tout n’est pas perdu. D’autres pays ont connu des moments bien plus difficiles et ont pu s’en sortir en créant des programmes de réhabilitation pour réintégrer ces jeunes dans la société. La délinquance n’est pas une option. Il faut se ressaisir et croire encore que les élites de ce pays ont pris conscience de la nécessité de s’oublier en mettant de côté leurs intérêts personnels pour prioriser les intérêts communs d'une nation, pour la création de richesses et une croissance économique assurée.
Aujourd’hui il faut à tout prix prendre la voie de la sagesse, et laisser à des hommes et des femmes animés que de bonnes intentions pour le bien du pays, des hommes et des femmes fonctionnant dans la neutralité et ayant la colonne vertébrale ferme / non flexible, la chance de prouver que nous pouvons transformer ce pays et en faire à nouveau un joyau. Dans un pays de plus de 12Millions d’habitants, il n’est pas concevable que plus de 80% de la population vivent dans cet état de misère et n’ont pas accès aux services essentiels. A tous ceux qui ont bénéficié des ressources de ce pays, nous nous adressons à eux pour leur dire que ce pays vous a tout donné ; il est grand temps de lui remettre un peu de tout ce que vous avez reçu. Faites appel à votre conscience, regardez autour de vous et demandez-vous comment vous avez pu laisser votre orgueil et votre égoïsme vous entrainer aussi loin et ne pas comprendre l’importance d’être un citoyen responsable envers ses compatriotes sans distinction et envers son environnement. A tous ceux qui ont la possibilité de poser une action pour ce pays, nous vous disons faites-le aujourd’hui. Il n’est jamais trop tard pour se reprendre et se relever. Et pour que ce pays se relève, nous devons nous asseoir ensemble, toutes catégories confondues, pour prendre la décision de faire les choses autrement afin de changer la vie de toute une population aux abois. L’UNION FAIT LA FORCE ! Il ne suffit pas de le dire mais il faut le vivre. Prouvons-nous que nous pouvons faire la différence et qu’il n’est jamais trop tard pour étonner le monde par notre capacité à nous unir et à nous relever pour une société non violente ou les droits fondamentaux de tout un chacun sont respectés et l’expression « égalité des chances pour tous/toutes » a un sens réel.
Sandra Beauvil
17 septembre 2022
