Le jeune écrivain Frantz-Gelo Bellande revient sur ses deux romans

Né à La Vallée de Jacmel, Frantz-Gelo Bellande y a fait toutes ses études classiques. Étudiant en droit à Port-au-Prince, Frantz-Gelo Bellande a su trouver dans les livres un réconfort. Auteur de deux romans « La vengeance est un plat empoisonné » et « J’ai assassiné le président », il nous entretient sur sa passion et ses ouvrages.

Le National : Pourquoi êtes-vous devenu écrivain ?

Frantz-Gelo Bellande : Pour d’abord tenter d’échapper à la mélancolie. Cette tristesse, cette blessure éternelle que nous laisse la mort d’une mère. Je me suis recouru très tôt à la plume pour écrire cette douleur qui me ronge de l’intérieur, ce vide immense que rien ni personne ne pouvait combler. Au début, j’écrivais des poèmes empreints d’une grande mélancolie. Des poèmes dédiés à maman et au petit orphelin que j’étais. Et puis, c’est devenu viscéral, indispensable. Aujourd’hui, j’écris pour d’autres raisons aussi. Pour dire l’amour qui me brûle l’estomac, la rage qui me ronge, la douleur qui me tue à petit feu, le mal qui m’asphyxie. Enfin, je crois qu’écrire, c’est le seul métier pour lequel je suis doué. J’ai beau me chercher des talents je ne trouve aucun après l’écriture.

 

L.N. : Êtes-vous un écrivain à temps plein ? Pourquoi ?

F.B. : J’aimerais bien, mais non. Il est difficile pour un jeune écrivain de vivre de sa plume. D’autant plus que je viens à peine de publier. Je n’écris pas tous les jours. Comme beaucoup d’écrivains, je suis souvent victime du syndrome de la page blanche. Toutefois, certaines histoires m’habitent au point d’écrire chaque jour et des heures d’affilée. Par exemple, j’ai écrit « J’ai assassiné le président » en trois mois alors que j’ai mis plus de deux ans à finir « La vengeance est un plat empoisonné ».

 

L.N. : Qui êtes-vous quand vous n’écrivez pas ?

F.B. : Pour le moment, je ne fais qu’écrire. Il m’arrive d’être un enseignant quand je n’écris pas. En vrai, j’écris toujours. Car j’ai toujours un projet en cours.

 

L.N. : Qu’est-ce qui a inspiré le titre de votre livre « J’ai assassiné le président » ?

F.B. : J’ai écrit ce texte en 2019. Le président vivait encore et le pays connaissait crise après crise. C’était durant le fameux « pays lock ». Une maison d’édition venait de lancer un concours littéraire et je voulais participer. Tout le monde, ou plutôt presque, souhaitait la mort du président voyant en lui la seule et unique cause de tout ce qui nous arrivait.  C’est dans ce contexte que j’ai trouvé ce titre.

 

L.N. : Pouvez-vous me parler en quelques mots de chacun des livres que vous avez publiés ?

F.B. : La vengeance est un plat empoisonné est mon premier roman publié aux Éditions Milot-Paris. Dans ce roman que j’ai pris plaisir à écrire, j’ai voulu aborder un thème sensible, la vengeance. Nous vivons, malheureusement dans une société où, sous couvert d’un soi-disant amour nous croyons que se faire justice est juste et surtout sans conséquence. Mais c’est faux. L’amour même condamne la vengeance.

Mon deuxième roman, j’ai assassiné le président, publié aux Éditions Varella m’a beaucoup appris. D’abord, je dois vous dire que c’est le premier tome d’une trilogie dont l’écriture du deuxième tome est terminée et le troisième à peine entamé. Dans ce premier tome, dans lequel j’ai prédit l’assassinat du président, puisqu’il a été écrit bien avant sa mort j’ai voulu faire comprendre aux lecteurs que le président ne réside pas uniquement dans la personne du chef de l’État. J’ai écrit un roman (politique) peut-être parce que je hais la politique telle qu’elle est pratiquée en Haïti.

Ce texte m’a surtout appris la persévérance. Après l’échec au concours, il a été refusé par plusieurs maisons d’édition avant d’être accepté par une petite maison d’édition dont je me garde de nommer ici. Après une éternité, j’ai pu signer un contrat d’un an avec eux. Une date de publication a même été fixée et puis, rien. Jusqu’à l’expiration du contrat. Mais, je n’ai pas cessé de le soumettre à d’autres maisons d’édition jusqu’à sa publication.

 

Le National : Qu’aimeriez-vous que vos lecteurs sachent ?

Frantz-Gelo Bellande : Qu’un livre n’est pas qu’une simple histoire confinée entre des pages. C’est une œuvre d’art. Un art qu’un artiste a passé du temps, a mis du cœur, de l’amour, de la passion a façonné. Je voudrais qu’ils sachent que si l’œuvre est le fruit de l’artiste, les deux sont strictement différents et qu’il serait mieux de ne pas juger l’œuvre selon son créateur ni le créateur selon son œuvre.

 

Propos recueillis par Garens Jean-Louis

jgarens2@gmail.com

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