Mon cœur était la mer...

Je sommeillais encore dans les plis de la nuit, les yeux déjà trop lourds lorsqu'elle avait pénétré par les portes, était venue s'assoir par ce chemin. Le vent filant par les persiennes balançait  : feuilles volantes, abat-jour, rideaux, crêpes et mousselines. Dans sa voix fluette aussi légère qu'une brise dans le feuillage, j'ai cru entendre le chant des vagues sur les galets trop blancs. Sa beauté rythmait à l'occasion celle de la mer.

Sur son corps, elle apprenait à dessiner des issues comme ce bleu envahissant l'aube avant l'or matinal. Ce rare bleu, ce ciel léger tout en couleur qui rend fragile un oiseau près, un cœur pluvieux, comme la saison. Elle me jetait un mal qui demeurait sauf erreur, permanent. Autant que s'étirait la saison telle une corde. Et j'ai eu mal ...  Elle était cette sirène qui fait tourner la tête ...

Il m'arrivait  de l'aimer comme une fleur fragile au matin, telles les dents de la mer qui grignotent la côte.

 

(Et ses yeux d' aurore lisaient sur les flots. )

Mon cœur était la mer. Profondément, elle s'y plongeait, jusqu'à se noyer dans les moutonnements des vagues bleues.

 Ailleurs, dit-on, le sable seul sait la violence de la larme.   Et la pluie ruisselait entre tes jambes robustes...

Maintenant, il me reste que la mer. La mer à habiter avec ses rêves d'errance. À défaut de la frontière, où se soudent les peuples. Notre amour autour d'un verre...

Peut-être, on objectera que la nuit naîtra sur nos lèvres. Nos bouches ne passeront pas la saison des fleurs. Mais... que  ne  dessineront -ils pas autour de notre amour. Toi aux yeux cernés d'aurore et d'amours.

Tu le sais bien. Mon cœur était la mer. Le sable. Et La voile. Et pour toi, il l'est encore resté...

 

Jean Simon James

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