Afrology, Mémoire d’esclaves, l’indépendance d’Haïti commémorée à Bruxelles

Le 24 janvier 2023, la salle Gothique de l’hôtel de ville de Bruxelles a reçu la soirée inaugurale de « Mémoire d’esclaves ». Ce projet porté par Afrology, s’inscrivant dans une volonté plus large d’égalité, d’inclusion et de représentativité et voulant créer des débats et réflexions autour de la traite négrière, a été lancé par la commémoration du 219e anniversaire de l’indépendance d’Haïti, première république noire ayant aboli l’esclavage.

C’est en présence de Lydia Mutyebele, échevine de l’égalité des chances de la ville de Bruxelles, de l’ambassadeur d’Haïti en Belgique Dr Jesse Jean et de plusieurs figures diplomatiques de l’Europe que s’est déroulée cette cérémonie au cours de laquelle les douloureux souvenirs historiques du commerce triangulaire ont été ravivés.

Lancé sous le rythme de la Dessalinienne, hymne national d’Haïti, Mémoire d’esclaves a par le discours de circonstances du directeur général de Afrology,  Ablam Ahadji, raconté les périples de millions d’africains qui ont été arrachés de leurs terres natales pour servir par-delà des mers, des colons dans des colonies dont les richesses leur ont été interdites. Si ce commerce triangulaire était fondé sur un racisme enraciné et criant, il a servi d’enrichissement pour des pays de l’Europe. « Pourquoi l’Afrique laisse son histoire, la mémoire de ses fils à d’autres » a interpelé le socio-économiste.

Afrology vient alors se réapproprier ce devoir avec « Mémoires d’esclaves » pour trouver une date officielle traduisant la journée internationale des mémoires de la traite, de l’esclavage et de leurs abolitions. Un projet qui sera exécuté sur 3 continents, de février à avril 2023 où se tiendront des expositions et des conférences autour de l’histoire de l’esclavage, ses conséquences et les rôles des femmes dans la résistance.

« Nous souhaitons créer un dialogue autour de la mémoire, de la traite, de l’esclavage et de son abolition. Il est important de reconnaitre leur impact sur le passé, le présent et le futur des nombreuses générations », a soutenu l’échevine.

L’histoire de l’esclavage ne se résumant pas à la traite negrière, l’exploitation de l’Afrique par des pays européens sévissait encore de sa façon la plus cruelle aux temps modernes des années 1960.

 « L’Europe a occupé une place très importante dans ce commerce triangulaire » a-t-elle ajouté tout en rappelant que l'impact de l'esclavage sur les descendants de ces peuples se fait toujours ressentir dans nos sociétés modernes tant par les discriminations que par les inégalités économiques et sociales auxquels ils font quotidiennement face.

Si les esclaves de Saint-Domingue ont, en 1804,  tracé le chemin de la liberté et de la dignité de l’homme noir, en 2023, récidiviste, Haïti inaugure ce projet de mémoire de l’esclavage avec son fier bicolore, son tambour, son hymne national et sa soupe joumou.

Prononçant son discours à l’occasion, l’ambassadeur d’Haïti près du BENELUX, le Dr Jesse Jean a rappelé le symbolisme de l’indépendance d’Haïti tout en plaidant de la nécessité d’étudier les histoires de l’esclavage  à l’école et à  l’Université. " Haïti a ouvert la voie à un monde libre et égalitaire" a-t-il scandé tout en rendant hommage aux héroïnes et héros de l’indépendance.

Nous devons toutefois rappeler que la Journée Internationale du Souvenir de la Traite Négrière et de son Abolition (JISTNA), inscrite à l’agenda de l’UNESCO en 2004, est célébrée le 23 août dans plusieurs pays du monde.

Si en Europe la traite négrière n’est pas manifestement confessée, la Belgique en accueillant cette activité, tend- elle à rectifier le tir ?

 

B. Charlemagne Charlorin

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