L’économie haïtienne encore dans une impasse en 2022

Dans la note sur la politique monétaire de la Banque de la République d'Haïti pour le premier trimestre de l'exercice fiscal tenu entre octobre-décembre 2021, l'économie haïtienne a connu des fluctuations tant au niveau national qu'international. La multiplication des cas de Covid-19, liée à la propagation du variant Omicron, a amplifié les pressions inflationnistes à travers le monde, l'augmentation du prix de quelques produits importants a ralenti la croissance de plusieurs pays sur le marché international. Chez nous en Haïti, l'insécurité, la pénurie de carburant et les effets post-désastre du tremblement de terre, qui a ravagé la péninsule Sud, sont entre autres des évènements qui affaiblissent l'économie haïtienne en 2022.

L'économie mondiale avec Omicron

 

Depuis l'apparition de la Covid-19 dans le monde en 2019, certains économistes parlent de ses effets, comme s'il s'agit d'un « tsunami économique ». Le Fonds monétaire international a alerté sur la baisse de ses prévisions sur croissance mondiale, qui était à 5,9 % en 2021 et qui peut passer à 4,9 % en 2022. Aux États-Unis,  avant que Omicron ne fasse ses dégâts, la croissance était tablée à 5,2 % comme première économie mondiale. Aujourd'hui, celle-ci se trouve à 2,2 %. Ce ralentissement de la croissance est dû aux difficultés retrouvées sur le marché du travail. Il y a des problèmes de production, malgré le renforcement de la demande de biens et de services. Du nombre de travailleurs prévus, il y a 200 000 emplois de moins que le nombre anticipé.

 

 

En Europe, chaque variante a causé des dommages au système de santé et à l'économie, a soulevé l'économiste Mark Zandi. Les pays du continent font face à un ralentissement des programmes de rachats de titres, de mauvaises conditions monétaires, des problèmes de production et une hausse des prix.

 

Sur le marché international, depuis août 2021, les produits de base ont connu une forte augmentation. Selon les dernières données du Fond des Nations-Unies pour l'Alimentation et l'agriculture, les prix des produits alimentaires ont augmenté de 3,48 % en rythme trimestriel. Des produits pétroliers, le cours du Brent est passé de 74, 60 dollars américains en septembre 2021 à 76, 52 dollars le baril en décembre 2021 et pour le WTI, il est passé de 71, 36 dollars à 73, 81 dollars.

 

Par conséquent, en Europe, l'inflation atteint un rythme très accéléré, dont 4,9 %, et affiche un taux de chômage de 7,3 %. Aux États-Unis d'Amérique, l'inflation se trouve à un taux de 7 % et le taux de chômage à 3,9 %.

 

 

Situation économique du pays durant le dernier exercice fiscal

 

Les activités économiques du pays durant les années précédentes sont macabres. Pour le secteur agricole (principale ressource du pays), selon les données de la Coordination nationale de la sécurité alimentaire (CNSA) et la Famine Early Warning Systems Network (FewsNet), la paysannerie haïtienne a fait face à une production inappropriée en 2021 que celle réalisée au cours des années précédentes. Les conditions sécuritaires du pays, la faible disponibilité des semences ont causé des impacts négatifs sur les agents économiques du secteur.

 

Pour le premier trimestre de l'exercice fiscal 2021- 2022, le tableau financier du pays a surtout été marqué par les fléaux du kidnapping, la guerre des gangs et la longue période de la rareté du carburant qui avait occasionné de grandes difficultés dans le transport et avait poussé certaines entreprises à la suspension temporaire ou définitive de leurs activités et qui avait forcé certaines autres à réduire leurs temps de service.

 

Durant ce même moment, le dollar américain, billet rare sur le territoire a continué de progresser du taux de change. Passant de 97,84 gourdes en décembre, le dollar a évolué jusqu'à 99,86 gourdes en décembre et actuellement ça dépasse les 100 gourdes. Pour les importations, elles se sont élevées en décembre et provoquent une somme de 293, 78 millions de dollars ÉU. Les transferts de la diaspora provenant du Chili (8 %) et des États-Unis (67 %) entre octobre et décembre avaient été estimés à 535, 87 millions de dollars. Sur le trimestre, la gourde a connu une dépréciation de 2, 1 % contre 7, 4 % durant le trimestre précédent.  Des réserves de la banque centrale, en vue de lutter contre la variation du taux de change, la BRH a pu conserver 501, 71 millions de dollars de réserves internationales nettes en décembre, contre 457, 61 millions entre juillet-septembre.

 

Des recettes de l'État, les taxes et les impôts collectés durant la période étaient dirigés vers l'émission des nouvelles plaques d'immatriculation. Ce qui, à la base, a provoqué une hausse significative de 3, 3 % dans les recettes publiques. Dans les dépenses publiques, une forte diminution a été constatée par la BRH. « Les dépenses publiques ont baissé de 13,8 % », a confié la Banque de la République d'Haïti.

 

Pour les activités bancaires, le système a connu un rendement de plus de 1,31 % par rapport au dernier trimestre de l'exercice fiscal précédent. Toutefois, la situation sociopolitique du pays a ralenti l'octroi des crédits. Pour pallier la situation, les banques commerciales se sont tournées vers d'autres actifs tels, « les bons BRH », « les bons du Trésor » et plusieurs autres liquidités et actifs. Les dépôts totaux des clients ont aussi atteint 428 milliards de gourdes pour cet exercice. Aussi, les injections de la BRH ont totalisé 127 millions de dollars qui ont empêché la fuite de 12 milliards de gourdes de liquidité.

 

En effet, les chocs économiques internes et externes ont provoqué une inflation au rythme mensuel de 1 % et qui varie entre 4,6 % et 4,7 % en octobre et novembre 2021. Au final, le taux de l'inflation s'accentue à 24, 6 % depuis novembre 2021.

 

Par contre, par rapport à ces dérives, la BRH ne soutient pas encore un plan de relance fiable pouvant favoriser une remontée de l'économie. « Les perspectives pour l’économie haïtienne en 2022 demeurent mitigées. Le comportement du taux de
change et de l’inflation dépendra, au-delà des chocs exogènes, de l’amélioration du climat des affaires.


Sur le plan externe, la poursuite du renchérissement des produits de base sur le marché international
risque d’alourdir la facture d’importations du pays et d’amplifier les pressions inflationnistes.

 

 Ces dernières pourraient être exacerbées, au niveau interne, par la dégradation des conditions sécuritaires
qui peut restreindre les conditions d’approvisionnement des marchés à travers le pays », a-t-il souligné.

 

Ainsi, il convient aux acteurs politiques d'avoir un pacte de gouvernabilité économique bien guidée,  de discuter avec les cadres du FMI sur les activités de relance et d'investissement dans le grand Sud, stimuler l'investissement privé, stabiliser le change et atténuer les effets de l'ajustement du prix des produits pétroliers à la pompe et assurer la sécurité dans le pays, a conseillé la BRH, si on veut réellement faire face aux défis économiques de l'année 2022.


 

Oberde Charles

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