Carrefour dangereux!

Au haut du Canapé-Vert, la population d’un quartier s’est soulevée contre la présence d’un gang qui semble-t-il avait des affiliations avec des personnes bien placées. Ce qui nous rappelle comment depuis des années le crime organisé « s’organise » à partir de têtes ayant un certain pouvoir dans l’appareil de l’État, que ce soit dans la Justice, la Police, le Parlement, les ministères et même l’Exécutif à un moment. Il ne faut pas oublier que des chefs de gang, à un triste carrefour pas trop lointain de notre histoire avaient leur entrée au Palais national. Mais comme d’habitude « yo kase fèy kouvri sa ». Trop de gens de la Haute impliqués dans ce jeu de pouvoir où pègres et gens « bien » s’entendent pour donner du jus à un système plus que pourri.

Au haut du Canapé-Vert, la population d’un quartier s’est soulevée contre la présence d’un gang qui semble-t-il avait des affiliations avec des personnes bien placées. Ce qui nous rappelle comment depuis des années le crime organisé « s’organise » à partir de têtes ayant un certain pouvoir dans l’appareil de l’État, que ce soit dans la Justice, la Police, le Parlement, les ministères et même l’Exécutif à un moment. Il ne faut pas oublier que des chefs de gang, à un triste carrefour pas trop lointain de notre histoire avaient leur entrée au Palais national. Mais comme d’habitude « yo kase fèy kouvri sa ». Trop de gens de la Haute impliqués dans ce jeu de pouvoir où pègres et gens « bien » s’entendent pour donner du jus à un système plus que pourri.

 Certains peuvent piaffer de fureur, mais il reste que le démantèlement de l’armée et de tout le système de renseignement hérité de la dictature avait au fond pour but de « sécuriser » des pratiques de violence de rue, permettant à un secteur politique de s’assurer du pouvoir. À cause de ce choix politique maffieux, la police nationale a toujours eu tout le mal possible à mener à bien sa mission que les politiques voulaient réduire au minimum. L’affaiblissement de l’État voulu, planifié, nous a amené à ce carrefour malsain où nous nous débattons maintenant.

Une certaine presse internationale tire à boulets rouges sur les résultats des élections du 20 novembre, donnant plus l’impression de faire le jeu des contestataires que de chercher à comprendre ce qui se passe vraiment sur le terrain. Lionel Édouard dans notre plus récent éditorial a parfaitement analysé la situation quand il écrit : « La désorganisation totale du tissu social à cette phase des débats doit être considérée comme un projet, dont le paramètre fondamental est la violence. Une violence qui s’exerce à la fois de manière symbolique, mais surtout de manière physique par la création d’une misère immonde imposée comme manière d’être. Créer autour des laissés pour compte une atmosphère de soumission à l’ordre établi et l’idée d’un bien-être factice et idéel accessible, facilite l’accommodation et l’inhibition nécessaires à la pérennisation de ce système non viable. »

 Le mot est lâché. Un système non viable ! Et il l’est depuis longtemps. Il y a quelque chose de pathétique que de voir des politiques ayant souvent occupé des postes importants dans l’appareil d’État dénoncer des irrégularités dans le processus électoral, irrégularités qui ne sont que la conséquence de l’affaiblissement, pour ne pas dire de la « médiocrisation » de cet État qu’ils ont voulu. L’État est dans l’informel et dans un état de corruption avancée et s’il arrive à tenir c’est grâce aux efforts de quelques fonctionnaires qui, dans l’ombre, contre vents et marées, essaient de maintenir la machine en marche dans l’attente de jours meilleurs.

La démocratie haïtienne est KO depuis ce 29 novembre1987, date du massacre de la Ruelle Vaillant pour empêcher l’élection de Gérard Gourgue à la présidence. Depuis, on joue au funambule. Une comédie macabre alors que les choses, l’environnement, se détériorent de plus en plus. La population qui a sanctionné les acteurs politiques en refusant de voter à plus de 75 %, peut bien un jour pas trop lointain réclamer des comptes pour son quotidien qui se dégrade. Nous ne devons pas en arriver là, à des situations de confrontation extrême. Seules la sagesse et l’intelligence peuvent empêcher les barbares de nous plonger complètement dans la folie et le chaos.

Gary Victor

À force de tirer sur la corde, les masses déshumanisées risquent de se déchaîner et de prendre conscience de leur état. Les traumatismes résurgents des expériences passées accentuant la méfiance entre les strates d’une société anormalement écartelées. Le rejet des traditionalistes de la politique et du système est symbolique de cette fracture. Il traduit cette perception que les défavorisés restent imperméables au discours des apôtres de la démocratie porteurs d’un message de résignation préjudiciable au bien-être collectif. Le non-vote devient ici un positionnement du citoyen contre un système qu’il rejette et une invitation à un examen de conscience où cette fois le pays serait le point central.

 Lionel Édouard

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