Une Coupe du monde aussi troublée que la planète

Le coup d’envoi de la Coupe du monde 2022 de football a été donné ce dimanche 20 novembre. Les Quataris auront réussi leur rêve d’accueillir le plus grand événement sportif international. Au pays du soft power, organiser un tel spectacle participe d’une volonté de projection stratégique de puissance. Le Qatar est connu pour ses immenses ressources financières et ses achats de clubs de football à l’étranger qui lui confèrent une certaine influence dans le monde du sport.

 

Mais au pays d’Al Jasirah, la fameuse chaîne de télévision rivale planétaire de la chaîne américaine CNN, tout n’est pas que spectacle et paillettes. De dures réalités dénoncées d’ailleurs par les organisations de droits humains à travers le monde ont troublé l’opinion publique internationale. On compte des milliers ouvriers, pour la plupart immigrés, ayant succombé pendant toute la période de la construction de stades aussi coûteux que magnifiques. On avance le chiffre effarant de 6 500 travailleurs sur les dix ans qu’ont duré les travaux. Sans compter les décisions anti-écologiques – stades à ciel ouvert réfrigérés en plein désert – qui n’ont pas manqué de choquer les défenseurs du climat de tous bords et pas seulement eux d’ailleurs.

 

Les politiques du genre pratiquées dans ce pays post-moderne et paradoxalement conservateur heurtent de plein fouet les bonnes consciences occidentales. Au pays de l’argent roi et de la « réussite arrogante » et non occidentale, les mœurs sont strictement réglementées : l’alcool est interdit dans les stades alors qu’en Occident on ne conçoit pas de match de football sans bière.

 

Certes il existe de bonnes raisons de s’en prendre à la dureté d’un régime autoritaire et intolérant. Mais on ne peut ne pas dénoncer une certaine hypocrisie dans les cris d’orfraie d’une certaine presse internationale qui semble découvrir assez tard ce qui se cache derrière tout ce clinquant. La vérité est que ce petit État musulman riche et puissant fascine autant qu’il révulse.

 

Mais le contexte de cette Coupe du monde est aussi assombri par les bruits de bottes un peu partout dans le monde. L’Ukraine est dévorée par une guerre sans fin et des populations entières sont sans électricité ni chauffage alors qu’un hiver rigoureux est à leurs portes.

 

De son côté, la Péninsule coréenne est, toutes les semaines, illuminée par l’éclair meurtrier de fusées nucléaires,  pour le plaisir du dictateur président Kim Jong Il. Il prend tellement son pied qu’il emmène même sa fille contempler le spectacle. Alors que le super bombardier B1 américain trace dans le ciel son sillon « dissuasif ».

 

Quant à la Mer de Chine, elle est aussi peuplée d’engins de mort, navires de guerre et essaims de drones multiples. Bref, on a l’impression d’être dans un monde au bord de l’apocalypse. Peut-être que l’écho « vivant » des stades arrivera peut-être à apaiser les pulsions de mort. Qui sait !

 

Roody Edmé

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