Du chemin à faire !

Peut-on faire de la politique dans un pays sans avoir aucune idée de l’évolution de sa propre société, sans savoir ce qui se débat dans ses allées, sans savoir ce que ses filles et ses fils vivent et pensent, sans savoir de quoi ils parlent, bref sans rien savoir de leur quotidien ? Peut-on faire de la politique ainsi ? Peut-on penser à changer les choses si on n’est pas capable d’avoir une idée du niveau d’instruction d’ensemble de la population ?

Chez nous, on a coutume de lancer des chiffres en l’air. C’est assez curieux d’accorder entièrement foi à des sondages en Haïti quand on connait le degré de corruption dans notre pays et quand on sait surtout qu’il n’y a aucune institution capable vraiment de faire respecter les règles. Ainsi, tout peut être utilisé pour des manipulations de masse dont le seul but est de toujours renouveler ce système dont la seule force a été de maintenir notre pays dans l’état où il est. L’intelligence d’un vrai politicien serait donc de bien comprendre ce qui se passe dans les profondeurs de notre société, dans le vécu de la majorité, comment fonctionne les nouvelles représentations, pour, en faisant preuve de créativité, déterminer d’autres formes de luttes et donc de communication dans le but de forcer le passage vers d’autres pratiques.

 

Dans cette déraison où l’on nage, la presse devra faire l’effort d’essayer d’en sortir elle-même en cessant d’accorder une visibilité à des individus dont le moins qu’on puisse dire au vu de leur parcours, au cours de ces dernières années, c’est qu’ils sont la preuve patente de l’échec de tout un système éducatif.  Système éducatif qui a ceci de bon qu’il développe tellement au moins la mémoire et la capacité de reproduction des signes que certains peuvent, même avec les lacunes accumulées, arriver à décrocher des diplômes à l’étranger. Sauf que le diplôme n’est qu’un papier qui permet de supposer que son détenteur a une connaissance exhaustive du sujet. Mais la réalité démontre souvent que de grandes nullités peuvent se dissimuler sous des titres grandiloquents. Alors d’autres, nuls, ceux qui n’ont pu faire que les cancres dans ce même système éducatif, peuvent se pavaner pour décréter qu’en fin de compte, au vu des résultats, qu’ils sont meilleurs que les intellectuels qui, eux, ont piteusement échoué.

 

Dans ce jeu de ping-pong où les mépris et les arrogances s’affrontent sur le terrain de la précarité, on est très loin d’une sortie de crise qui permettrait au peuple haïtien de croire à un avenir meilleur. Surtout que derrière toute lutte de pouvoir se cachent des mains étrangères qui partout où il y a des millions à faire peuvent exercer leur compétence dans la stabilité du chaos et du hors-norme, dans la fabrication et la légalisation du faux et de l’usage de faux, chaos et hors-norme, faux et usage de faux qui chez eux seraient un crime.

 

Il y a du chemin à faire pour retrouver notre âme de peuple. Il y a du chemin à faire pour retrouver le respect de nos pères. Il y a du chemin à faire pour que nous ne ressentions pas ce goût de fiel quand nous parlons des heures glorieuses de notre histoire.

La Rédaction

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