Cette violence têtue comme une bourrique

Le plan de sécurité mis en place par la PNH a pendant les fêtes atteint ses objectifs globaux. Les Haïtiens ont pu vaquer à leurs occupations et ont profité d’un soulagement notable de leurs peurs quotidiennes. Il faut que la présence policière s’était révélée particulièrement efficace et avait, au fil des jours, monté en puissance. Toutefois, telle une fleur vénéneuse de saison, l’insécurité réapparaît au coin de nos rues et le rythme avec lequel opèrent les malfrats augure d’une nouvelle période d’insoutenables angoisses.

Il est évident qu’une hirondelle ne fait pas le printemps, et que les mesures des forces de sécurité n’avaient qu’un effet palliatif. Cependant, elles démontrent qu’à chaque fois que des mesures de grande vigilance sont adoptées, la violence « têtue » des bandes armées est ramenée à des échelles réduites.

Depuis deux semaines, le spectre grimaçant des kidnappings est revenu hanter nos rues. En dépit de ses faibles moyens, la Police nationale réussit des arrestations à fort impact. De puissants caïds sont tombés dans les mailles du filet tissé par les limiers de la police judiciaire. Cependant, les forces de l’ordre n’ont pas encore les ressources humaines et techniques pour faire face à un phénomène d’une telle magnitude. Les malheureux événements de vendredi dernier sont là pour le prouver : au cours d’une opération policière contre un gang particulièrement actif autour de Pétion-ville, trois policiers ont été tués et un autre porté disparu ce jour-là. Que de jeunes ne sont déjà tombés au champ d’honneur pour défendre la population civile aux abois. Les stratèges de nos forces de sécurité devront tenir compte que leurs adversaires sont de plus aguerris et de surcroît familiers des tactiques de guérilla. Une réalité qu’il faudra prendre en compte pour éviter des crises préjudiciables au moral des policiers. La majorité silencieuse souffre le martyre. Les politiques de tous bords et des pans entiers de la société civile devront faire travailler leurs méninges pour trouver des solutions viables à ce fléau. 


Les « amis » d’Haïti promettent depuis deux ans une assistance « robuste » à la PNH qui se fait douloureusement attendre. Haïti n’est pas l’Ukraine. Même des véhicules blindés légers achetés par Haïti n’arrivent que de manière parcimonieuse. La dernière promotion de la Police ne peut encore renforcer les contingents actuels par manque d’équipements.

Les Haïtiens se doivent de « retrousser leurs manches » et d’ouvrir grandes les fenêtres du compromis historique nécessaire à un meilleur avenir. En attendant, des entrepreneurs culturels veulent maintenir allumer la « flamme » de l’espérance, en décidant d’organiser le festival annuel de jazz dans la seconde ville du pays.

La semaine dernière, nous disions que la décentralisation était une des options courageuses à prendre dans la mesure où c’est une occasion pour contrer les peurs qui paralysent et l’impunité nourricière du crime qui nous ronge.


Roody Edmé

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