Sortir de la mentalité flibustière

Il n’y a pas longtemps, dans toutes les conversations, on ne parle que de changement du système. Sur les réseaux sociaux, on ne parle que de cela. Il n’y a certainement pas à discuter sur la nécessité de ce changement de système vu que celui en place a abouti à cette catastrophe qu’on connait, même si dans notre mythomanie, personne ne s’interroge trop sur cette histoire racontée, plutôt glorieuse, mais qui n’a plus rien à voir avec le désastre de notre société actuelle.

 

Mais ce qu’on oublie, quand on parle de changement de système, c’est la question de l’humain. Le poisson pourri par la tête a-t-on coutume de dire. Les guerres de libération ont abouti en 1804 à la prise de pouvoir par une classe qui a reproduit très mal un schéma de pensée organisé autour du mépris d’un peuple, mépris de sa langue, de ses origines, de ses coutumes. Notre pays est un cas d’école si on veut démontrer sur quoi vient buter une société dirigée par des féodaux, féodaux en plus handicapés par ce qu’on peut bien appeler la mentalité affranchie. Mais le mépris pour les masses pratiqué par la classe dirigeante s’est répandu à travers toutes les strates de la société.

 

Les pratiques flibustières aussi, comme la haine de cette terre dissimulée sous des discours nationalistes souvent mythomanes.

Maintenant que tout le poisson est pourri, la question de l’humain se pose. Quand on voit le comportement des gens qui sont sortis des classes les plus défavorisées et qui arrivent à des postes de responsabilité et cela jusqu’au plus haut sommet de l’État, on est en droit de se poser des questions. Que ce soit au niveau de l’Exécutif, du Parlement ou de la Justice, on retrouve des hommes qui auraient dû faire preuve d’une certaine sympathie pour les masses souffrantes. Ce qu’on retrouve, ce sont des hommes et des femmes transformés en fauve sur les dépouilles de la République, aux ordres de ceux dont ils auraient dû normalement se méfier et même combattre pour les forcer à rebattre les cartes. Cette mentalité de flibustier est partout et que les rues sont pleines de citoyens qui ne pensent qu’à venir s’attabler à la table du pouvoir, aux ordres de cette pseudo-bourgeoisie et d’une communauté internationale dont l’émancipation du peuple haïtien est le cadet de ses soucis.

 

À la lumière de nombreuses expériences répertoriées dans l’histoire de l’humanité, la question de la qualité des consciences, de la valeur qualitative de l’Humain, doit se poser avant celle de changement de système. Actuellement on fait face à un problème d’hommes et de femmes. Ce système décrié avec raison a opéré une véritable dégradation des consciences, transformé toute une génération en médiocres et en rampants, produisant de grandes gueules n’ayant rien dans la tête et dans le ventre, toujours à genoux devant l’étranger.

 

C’est notre système éducatif qu’il faudra revoir au plus vite afin que dans une dizaine d’années au moins on puisse avoir d’autres citoyens pensant la vie et les relations dans notre communauté autrement. On remarquera comment le système, intelligent, a enlevé du cursus scolaire des matières pourtant importantes pour la formation du citoyen. Changement de système, oui. Mais la réflexion ne doit pas oublier l’humain.

 

La Rédaction 

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