La morgue d’une classe dirigeante !

La grande constante de la politique dans notre pays est certainement ce mépris des classes dirigeantes à l’endroit de la population en général et des couches pauvres en particulier. Ce mépris révèle chez les politicards tout autant un déficit d’humanité qu’une haine de l’autre. Aucune décision avec la prise en compte - même minime-  des intérêts, des besoins de la population ! Les exemples sont nombreux. Que ce soit par rapport à la crise planifiée, des produits pétroliers ou à l’augmentation presque démentielle des produits de première nécessité qui menace de famine une grande partie de notre peuple, aucune mesure, même cosmétique, n’est prise par nos dits dirigeants pour essayer de limiter les dégâts et de corriger la situation en vue des intérêts de la collectivité. 

L’une des mesures les plus bizarres, qui peut être perçue comme un simple détail par certains, revêt pourtant toute son importance. C’est le changement d’heure qui va être encore une fois certainement ordonné par le gouvernement et qui va forcer des dizaines de milliers d’écoliers à prendre les rues dans l’obscurité pour se rendre dans leur établissement scolaire, alors que l’insécurité bat son plein et que les forces de l’ordre ne peuvent même pas se protéger elles-mêmes, car elles tombent sous les balles assassines des bandes armées. Mais personne au niveau des équipes gouvernementales n’a pensé à ce simple détail. La raison en est bien simple. Quand on a sa famille à l’étranger et qu’on pense bénéficier de la protection de policiers, qu’on a enlevés de leur service ordinaire pour les placer à son service personnel, on croit être au-dessus des menaces qui planent sur le simple citoyen.

On comprend que nous sommes dans un cercle vicieux : si les équipes dirigeantes changent, les comportements condescendants de nos politiques restent identiques. On ne devrait pourtant pas s’étonner quand ceux qui disent combattre pour le peuple et aux côtés du peuple ne manifestent aucune empathie envers la population. Quel leader politique, quelle formation politique a pris des positions constantes et claires montrant qu’ils sont préoccupés par la dégradation des conditions de vie de la population, qu’ils partagent leurs angoisses, leurs craintes et leurs souffrances ? A-t-on jamais entendu un cri d’alarme d’un homme, dit politique, de l’opposition ou d’une équipe gouvernementale face à l’inflation galopante, à l’appauvrissement des classes, même celles dites moyennes, à la terreur quotidienne que subissent les habitants de l’aire métropolitaine, à ce désir effréné et compréhensible de nos jeunes de pousser leurs barques vers l’étranger ?  C’est le silence complet, l’indifférence totale pour notre quotidien parce qu’eux, souvent, ils se satisfont d’un semblant de paradis bâti avec des millions de gourdes siphonnées dans le Trésor public.

Il fut un temps, c’est encore le temps, où l’on accusait une classe sociale de tous nos maux. C’est vrai que nous avons souffert depuis la fondation de notre nation, de sa prise en charge par une classe aussi raciste que le colon blanc, avec de surcroît des névroses l’empêchant de créer une vraie construction étatique. Aujourd’hui, on parle d’oligarques, d’hommes venus d’autres territoires et qui ne seraient pas Haïtiens. Des discours parfois délirants qui mélangent le vrai et le faux, mais qui aboutissent aussi à une recrudescence de la fuite de capitaux et des savoir-faire vers la République dominicaine, alors que ceux qui alimentent ces discours investissent leurs avoirs dans la spéculation financière, dans des entreprises maffieuses, et rien dans la production en vue de créer des emplois dans le pays. Mais il y a aussi le fait que toute notre administration, toutes les allées de pouvoir de notre pays sont tenues par des petits hommes gris, sans compétence, sans humanité, cultivant la haine et le mépris de l’autre et qui sont les soldats d’une glauque médiocrité et d’une violence aveugle, aux ordres des maîtres du monde.

 

Gary VICTOR

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