La belle aventure des fous

Le gouvernement n’a jamais expliqué les raisons de la crise du carburant qui perdure depuis des mois.

Toutes les activités de la communauté sont impactées par la crise et c’est la population qui, en première ligne, pâtit de cette situation.

On revient encore à la question de la non-gouvernance. On peut émettre toutes les théories possibles sur la non-gouvernance, mais la principale raison de l’installation d’un tel non-système est peut-être d’une indécente trivialité si l’on peut s’exprimer ainsi.

Prenons l’exemple de cette pratique, depuis des lustres, d’octroyer aux hauts fonctionnaires des carnets de fiches de carburant. Ce qui ne semble pas logique du tout, car ces mêmes hauts fonctionnaires ont beaucoup plus de possibilités de se déplacer vu leur statut économique que tous les autres fonctionnaires qui ne bénéficient pas de ce privilège. Ensuite, dans la plupart des cas, au point de vue des résultats pour la communauté, rien ne justifie pareille largesse.

Mais ce n’est pas la question primordiale. Un haut fonctionnaire, jouissant de ce privilège de l’essence gratuite offerte par l’État, peut pendant des années n’avoir jamais ouvert sa bourse pour acheter un gallon de gazoline pour son véhicule. Le prix de l’essence n’est pas son problème. Le gallon peut passer à 1500 gourdes, 5 000 gourdes, il recevra toujours ses carnets de fiches.

 

Dans un tel contexte se développe chez ces décideurs une totale indifférence pour les affres de la population. Il souffre moins de cette crise incompréhensible de la distribution des produits pétroliers, car il est souvent proche du système mafieux qui lui permet de se procurer, toujours ces mêmes fiches, le carburant dont il a besoin pour ses véhicules de service et pour ses véhicules personnels.

C’est là l’une des grandes perversions de ladite démocratie représentative quand les élus, les hauts fonctionnaires, font la main basse sur les ressources d’un État et que la communauté ne dispose d’aucun moyen pour les éjecter. On se souvient de ces élus clamant bien fort, avec arrogance, qu’ils ont un mandat et que sa durée doit être respectée. Sous-entendu, pendant ce mandat je peux profiter de tout et je vais en profiter. Tout le reste, les discours, les promesses n’avaient été qu’imposture, mensonge, grossière manipulation. C’est pourquoi les citoyens devraient être éligibles et révocables à tout instant.

On parle de référendum comme si un changement constitutionnel allait avoir comme conséquence une nouvelle mentalité, une prise de conscience pour de nouvelles pratiques de pouvoir et de gouvernance. Rien ne changera s’il n’est pas prévu des mécanismes pour la fin de l’octroi de privilèges non nécessaires aux élus surtout et aux hauts fonctionnaires ensuite. Le plus révolutionnaire serait de prévoir des mécanismes pour éjecter ceux qui se sont fait élire uniquement pour venir s’asseoir sur une vache dont il ne reste maintenant que la peau et les os.

 

Ne nous trompons pas. Une armée de voyous en costume et d’imposteurs, parfois beaux parleurs, piaffent à l’entrée du temple, attendant de prochaines distributions de postes et les prochaines élections. Il faut s’assurer que ceux qui ont à charge les affaires de la République ne sont pas déconnectés de la vie de tous les jours des citoyens. Une entreprise ne tolérera jamais un responsable qui ne lui apporte aucun résultat et qui viendra prétendre par la suite que son contrat avait une durée.

De toute manière, il sera prévu son remplacement à n’importe quel moment si les résultats espérés ne sont pas atteints. La plus grande entreprise d’une nation, c’est l’État. Comment accepter des incompétents et des nuls à sa direction ?  Le plus hallucinant, c’est quand ces incompétents et ces nuls, jouisseurs devant l’Éternel, ne veulent plus laisser la mamelle. Alors ils ne veulent pas d’élections qui sont renvoyées constamment aux calendes grecques. Le génocide peut frapper à nos portes. Ils ont l’appui de ces démons du bien que sont les Occidentaux. Vive la Présidence ou la Primature à vie. Et pourquoi pas la Royauté ? Le pays peut bien sombrer. La belle aventure des fous.

 

Gary Victor

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