Vous avez dit « apaisement » ?

Le gouvernement haïtien vient d’annoncer le réapprovisionnement des restaurants communautaires. Des subventions seront accordées à des chauffeurs de transports en commun. Des transferts d’argent à des familles vulnérables débuteront bientôt à partir d’une base de données disponible au ministère des Affaires sociales.

 

On s’attendrait à ce que tout le monde jubile. Loin de là ! Car le nœud du problème demeure : comment les riverains parviendront-ils à se rendre dans ces restaurants sans risque pour leur vie ? Toute la question est là. Tant que se prolongera l’exil des familles dans leur propre pays, il sera difficile de calmer l’angoisse qui étreint les cœurs et les esprits.

 

Depuis quelque temps, des cadavres sont « disposés » la nuit dans les rues, suivant une « géométrie » implacable de la terreur. Le nouveau mode opératoire des gangs complique de plus en plus la situation. On dirait que les bandits se sont donné le mot : ils bougent en même temps en plusieurs points du territoire afin d’étirer au maximum les forces de police. On peut ici parler d’une guerre d’attrition en bonne et due forme.

C’est pourquoi nous pensons qu’il n’y aura pas de vrai apaisement sans la prise en compte du filet sécuritaire. Le problème numéro un. Parallèlement, les responsables politiques doivent faire l’effort d’entreprendre une série d’initiatives politiques visant une entente cordiale entre forces vives du pays. C’est vital. Essentiel. Inévitable. Le gouvernement ne doit pas s’enfermer dans la tour d’ivoire de la raison d’État et jouer, seul, au puissant. Il ne peut pas abandonner la tâche ingrate, mais combien exaltante de ramener les protagonistes à la table des négociations. Toute tentative d’engager seul le processus électoral équivaut à écrire la chronique d’un échec assuré.

 

Devant le drame qui se joue au quotidien, l’impuissance n’est pas une option. Il faut agir et vite. L’apaisement dont on parle est à ce prix. Et seulement.

 

Roody Edmé

LAISSEZ UN COMMENTAIRE

0 COMMENTAIRES