Dans la vie de chaque individu, comme dans celles de toutes les institutions, il arrive toujours, à un moment, un carrefour, ou un passage qui imposera entre le départ ou le renouvellement au cours et entre les générations. Maurice Barrès disait : « Une nation, c’est la possession en commun d’un antique cimetière et la volonté de faire valoir cet héritage indivis. »
Devant ce fait accompli, ce passage obligé qui nous invite à évaluer l’héritage des autres, autant à nous questionner sur l’héritage de nos contemporains, l’orgueil et la volonté de se dépasser, se surpasser et de rattraper ces descendants nous oblige parfois à rentrer debout et/ou à genoux dans l’histoire, pour ne pas occuper une place insignifiante dans la mémoire collective. Pourquoi est-il nécessaire d’enseigner le sens de l’héritage dans chaque famille et chaque institution ?
D’un simple bilan présent sur le plan individuel ou institutionnel, on n’arrive pas toujours à mesurer la portée réelle, symbolique ou même intemporelle dans un héritage légué par les anciens. C’est pourquoi l’auteur René Char nous rappelle : « Pour qu’un héritage soit réellement grand, il faut que la main du défunt ne se voie pas. »
Dans ce carrefour difficile, et pratiquement imprévisible que la génération actuelle traverse, tant sur le plan mondial, avec les crises et les nouvelles configurations géopolitiques qui s’affirment, et sur le plan national, à travers le labyrinthe imposé aux Haïtiens, plus d’un se questionne sur le sens de l’avenir et ce qui restera comme héritage pour les générations futures ?
Des passifs à première vue ! En se basant sur le chaos qui se dessine, avec le déclin d’un grand nombre de valeurs et des principes essentiels qui devraient prioriser le bien-être et le vivre ensemble. Dommage, il ne nous restera pratiquement que la survie comme seul et unique héritage.
Déterminé à aller de l’avant, on se souviendra certainement de cette phrase inspirante du célèbre chanteur Michael Jackson qui nous rappelle durant ces heures de gloire la recette suivante : « Chaque jour, créer votre histoire, chaque chemin que vous emprunter laisse votre héritage ! »
Dire que la pensée de notre Jean Price Mars reste plus que jamais fertile dans les esprits des plus pragmatiques et les plus intelligents, en sachant que : « Nous n’aurons de chance d’être nous-mêmes que si nous ne répudions aucune part de l’héritage ancestral. »
Devant l’obligation de partir un jour, de céder la place à d’autres visages, d’autres noms et d’autres remplaçants, qui viendront pour le grand remplacement, chaque premier rayon du soleil devrait dans les premières heures du matin nous interpeller sur notre bilan, les traces de notre passage dans ce monde, dans cette institution, dans cette destination. Notre héritage individuel et collectif. Notre héritage par rapport à ce que les plus anciens nous ont laissé... !
Dominique Domerçant
