Retour à la case-départ !

Il y a maintenant une semaine depuis la rencontre de Kingston entre les principaux protagonistes de la crise haïtienne. Trois jours de conciliabules nécessaires, car aucune solution ne peut être envisagée sans dialogue. Toutefois, pour ce faire, les parties doivent se mettre vraiment en mode négociation. L’étaient-elles ? Pas le moins du monde. En dépit de la bonne volonté déclarée des uns et des autres, le sentiment largement partagé est que nos politiques n’ont pas l’air de mesurer suffisamment la gravité de la situation. En tout cas, c’est ce que nous donne à penser leur incapacité à aller au-delà leurs différences et gommer leurs différends, condition sine qua non pour un dialogue productif.

 

Ce qu'un observateur a appelé la «grande humiliation» s'est produit par une nuit ténébreuse, justement le week-end des négociations. Alors que nos élites frappées d'impuissance ne pouvaient s'entendre sur une sortie de crise, un puissant chef de bande se livrait à une terrible démonstration de force. Un centre commercial iconique de la zone de Tabarre était rasé, et une journaliste «interpellée» et conduite devant le magister d'un riche et puissant chef de guerre.

 

Si on met en parallèle ces deux tableaux, on a mal à comprendre que les politiques perdent un temps précieux sur des détails sans importance au point de passer à côté de l’essentiel. D’autant plus grave que leur indécision est lourde de conséquences pour le citoyen lambda. Pour la nation même.

 

Certains ont préféré voir le verre à moitié plein, d'autres, plus réalistes, du bris de verre. Quoi qu'il en soit, Kingston fut un nouveau gâchis. De surcroît prévisible. Est-on condamné pour autant à l'impuissance ? Au contraire, cet échec nous oblige à recommencer afin de sortir le peuple haïtien de ce calvaire insoutenable. On n’a d’ailleurs pas le choix. On pense au mythe de Sisyphe et à ces paroles de Camus «il faut imaginer Sisyphe heureux». Une pensée bonne pour le moral quand on vit au quotidien en «Absurdistan». Peut-être que nos élites finiront par sauter par-dessus leur ombre ! Sait-on jamais !

 

Roody Edmé

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