L’intolérance

Il y a un fascisme qui ne dit pas son nom qui court dans toutes les allées de notre société. Qu’il soit de droite ou de gauche, il se résume par sa terrifiante intolérance. Il s’appuie de manière névrotique sur des mythes et une histoire officielle. Il brandit son arme ou sa plume acide dès que se profile un nouveau regard, une nouvelle analyse, même si au vu de ce qu’on a vécu depuis des décennies, il est logique qu’on revisite notre histoire.

 

L’arme la plus prisée de ce fascisme est l’attaque personnelle contre celui qui émet une nouvelle idée, qui tente une nouvelle analyse. Les héros doivent rester les héros. Ceux qu’on a mis dans l’ombre, que l’histoire officielle a rejetés, a traité de manière lapidaire comme chefs de bandes, il faut continuer à les traiter comme tels. Une chance que Charlemagne Péralte n’ait pas connu le même sort.

 

Au lieu de rester dans la dialectique, on passe directement à l’attaque personnelle. Le mot oligarque revient souvent de nos jours même s’il est mis à une autre sauce bien haïtienne celle-ci. On rêve même à l’aberration musulmane ou toute remise en question des idées imposées est punie de mort.

Cette intolérance en fin de compte  donne du carburant à un système qui tient à être immobile, fixée sur ses socles de corruption, de mépris, de violence et d’ignorance. La pensée qui doit être par essence subversive, car elle est dynamique en opposition à des systèmes dont la survie réclame l’immobilisme, est vue comme un danger. Comme il est difficile de s’y opposer, car le fascisme craint même la pensée fausse qui peut lui être utile, préfère être plus directe, plus lapidaire en tentant de détruire le porteur de la pensée. Dans le roman 1984 d’Orwels est étudiée une organisation politique qui traque avec une hargne hallucinante toute tentative d’émergence de la pensée critique, allant même jusqu’à réduire le langage à sa plus simple expression.

 

On reste chez nous désespérément unanimiste. L’unanimité est presque perçue comme le garant d’une fausse paix sociale, car toute contradiction, tout débat, d’idées dérivent vers la violence, vers la destruction des biens et des personnes.  L’unanimité penche toujours vers le pouvoir, car étant par essence simpliste, elle élimine la pensée, la logique, le questionnement de la réalité. Les grands manipulateurs ont là tout le loisir de perpétuer le règne de la corruption et du mépris social.

 

Le débat libre, la pensée prenant à revers tous les tabous, tous les préjugés,  refusant les conditionnements sociaux et culturels, sont les seuls moyens de construire autre chose. Certes, on peut errer, se tromper, mais c’est en partant en voyage qu’on découvre d’autres horizons. C’est en cherchant qu’on trouve la clé de cellule.

 

Gary Victor

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