UE-CELAC: un sommet pas comme les autres?

L'ambassadeur de l'Union européenne en Haïti, Stefano Gattuso, a parlé avec conviction et enthousiasme du prochain sommet des chefs d'État et de gouvernements qui aura lieu à Bruxelles les 17 et 18 juillet.

Recevant un panel de journalistes haïtiens, l'ambassadeur européen s'est longuement étendu sur la symbolique de la « rencontre » des deux continents. Il a également parlé de la nécessité de lier des partenariats stratégiques dans un monde en pleine mutation.

Face à la concurrence chinoise et son ambitieux programme planétaire de route de la soie, l'UE veut renforcer ses liens avec une Amérique latine et la région caraïbe dont elle ne s’est d'ailleurs jamais détournée pour être jusqu'ici un des plus gros investisseurs de la région. Il s'agit donc d’établir un partenariat de longue date fondé sur des valeurs communes.

Mais l'originalité de ce sommet réside dans le déroulement de nouvelles « familles » de projets mobilisant des fonds publics, mais aussi privés et multilatéraux. Il s'agira de bâtir ensemble un avenir énergétique viable dans le respect de la planète. Et surtout inventer une nouvelle coopération, plus dynamique,  plus soutenable et même si les infrastructures seront un volet important, supporter l'éducation et la protection de l'environnement,  les droits humains et l'État de droit.

Haïti prendra aussi part à ce sommet, mais les difficultés du pays font qu’il est très difficile d'attirer des investissements dans un environnement aussi compliqué. L'ambassadeur Gattuso a exprimé son désappointement face à la situation haïtienne qui a fini par provoquer une « fatigue » chez les partenaires étrangers. Ce pays n'est plus une priorité, ses crises successives et de longue durée l'ont presque « rayé » de la carte du monde.

Toutefois, en dépit des difficultés de déploiement de l'aide sur le terrain, les organismes européens encore présents dans le pays tentent bon an mal an de conserver quelques programmes phares dans des domaines de l'éducation et du recyclage de matériaux.

L'UE vient d'apporter une contribution de 3 millions d'euros au « basket fund » d'appui à une police nationale sous-équipée et sous-financée. Mais le représentant, tout en admettant que l'aide à Haïti est ralentie par la crise qui pousse les États européens à se tourner vers d'autres priorités, ne cache pas que la guerre aujourd'hui aux portes de l'Europe constitue l'épicentre des préoccupations de cette communauté des nations.

Sur un pays comme Haïti, l'UE attend les Nations unies en ce qui concerne les sanctions à appliquer contre d'éventuelles personnes accusées de menaces pour la sécurité publique. Quant à d'éventuelles sanctions proprement européennes, la question reste ouverte .

Le message de l'Ambassadeur Gattuso est clair : l'Europe veut jouer sa participation à l'échelle planétaire et l'Amérique latine et la Caraïbe seront des partenaires privilégiés. Reste à savoir si ce qui est prévu va se traduire dans les faits. Les promesses et la réalité n'ont pas toujours cheminé « main dans la main » en matière de coopération. Même l'Ukraine de Zelinsky qui bénéficie d'un support et d'une sympathie illimitée trouve des occasions de tancer ses alliés inconditionnels.

 

Roody Edmé

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