L'impossible dialogue

On dit souvent qu'il y a une limite à tout. Mais chez nous, ce dicton a ses limites, surtout en politique. Les protagonistes de la crise  bien que clamant haut et fort qu'ils veulent un « dialogue inter-haïtien en vue d’une solution haïtienne », s'éloignent de plus en plus de ce qui apparaît aujourd'hui comme une chimère patriotique.

Les positions de chacune des parties se sont fossilisées. Il manque la sève des idées originales, tactiquement intelligentes qui pourraient nous éloigner de la morgue des uns et/ou de l'intransigeante arrogance des autres.

La vérité est que les acteurs n'arrivent pas à prendre la mesure de la crise. La situation empire tous les jours. Personne ne sait si le pouvoir a vraiment la volonté de faire des concessions qui pourraient débloquer la situation. D'un autre côté,  l'Opposition regroupée ne semble pas en mode réel de négociation,  espérant que l'impopularité du Premier ministre le ferait tomber  de son propre poids comme un fruit trop mûr. À chaque échec des discussions, certains acteurs se pâment dans leur fierté de n'avoir rien cédé. Une petite «victoire» à la Pyrrhus qui flatte certains égos ou rassure d'autres qu'ils pourront allègrement continuer à danser sur un volcan en jouissant, puissants et solitaires, d'un pouvoir éphémère.

Le vrai perdant est le peuple revendicatif haïtien qui continue à rêver d'un pays et qui, au niveau leadership, peine à trouver «chaussure à sa taille». Et puis on viendra s'étonner qu'un homme d'église émerge soudainement, avec un discours axé sur la foi, pour galvaniser, ici et ailleurs, des foules fatiguées de voir leur pays s'enfoncer dans la géhenne du sous-développement. La nature a horreur du vide pour lequel nous semblons éprouver une incontestable fascination.

 

Roody Edmé

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