Le Centre international de documentation et d'information haïtienne, caribéenne et afro-canadienne (CIDIHCA) a aujourd’hui quarante ans. Devenue une référence pour les chercheurs du monde, cette institution collecte toutes sortes de données sur ce monde pluriel, ces cultures vibrantes, mais ô combien marginalisées. Une véritable mine de savoirs et de mémoires sur des civilisations mourant petit à petit sous les coups de boutoir d'une mondialisation à marche forcée. Autant d’identités meurtries qui imposent le « devoir de mémoire ».
Au cœur de ce long et passionnant travail de bénédictin, Frantz Voltaire et toute une équipe de volontaires ont, au cours de ces décennies glorieuses, fait œuvre qui vaille, qui bénéficiera sans nul doute aux générations futures. Elle donne déjà du blé à moudre aux universitaires du monde entier. J'attire l'attention de notre lectorat sur l'importance d'une telle conservation de patrimoine immatériel pour un pays comme Haïti où les mesures de protection des biens culturels ne sont pas la chose du monde la mieux partagée. Le linguiste Robert Berrouet Oriol et le journaliste Pierre Emmanuel ont, chacun, mis en exergue le capital culturel que conserve avec parcimonie et une rare rigueur l’équipe du CIDIHCA.
Au micro de notre confrère Pierre Emmanuel, depuis Montréal, Fanfan Voltaire a parlé avec passion d'une réalisation dont il se considère n'être que la figure emblématique. Il a surtout mis en avant ceux qui l'entourent appelés à faire grandir l’institution, sans oublier certains de ses inoubliables pionniers.
Le centre est aussi un espace incubateur de ressources humaines. Il offre aussi un accompagnement personnalisé « autant dans l'édition, la culture que l'entreprenariat social ». Les archives sont numérisées et accessibles aux chercheurs haïtiens et à nos jeunes universitaires de facultés trop pauvres en documentation. Combien d'étudiants peinent à terminer leurs mémoires ou qui n'en font pas du tout faute d'assistance méthodologique ou de support matériel !
Le CIDIHCA présente une très large palette de documents écrits et audiovisuels sur un portail internet très convivial et d'une grande commodité. Bibliothèque, phototèque, microfilms sur la ville de Port-au-Prince quasiment pulvérisé il y a treize ans, mais dont la mémoire est précieusement gardée au 430, rue Sainte-Hélène à Montréal. Demandez le bureau 401, c'est accéder à un sésame qui vous ouvre toutes les portes de la connaissance sur les cultures afro-descendantes !
Roody Edmé