Haïti ne se résume pas à Port-au-Prince !

Dans la fabrication accélérée du chaos environnemental, social et sécuritaire qui encercle plusieurs grandes villes et quartiers de la capitale haïtienne, et face à l'impossibilité  pour toutes les familles et la majorité des jeunes de partir ou de fuir la capitale, les trois principaux couloirs humanitaires établis à partir des trois principales routes nationales ne font que confirmer que la République d’Haïti ne se résume pas exclusivement à la capitale. La République de Port-au-Prince.

Dommage que de nombreuses personnes, souvent très avisées, et des familles continuent de présenter ce qui se passe dans la capitale comme une situation qui affectent presque ou toutes les grandes villes du pays. Totalement  faux, et archi faux. En dehors du département de l’Ouest, de certaines villes et des communes stratégiques situées dans le département de l’Artibonite, le pays continue d'évoluer dans cette culture « Zafè kabrit pa zafè mouton ! ».

Devant un tel tableau critique et paradoxal qui rappelle autant la réalité dans plusieurs autres pays dans le monde, qui présentent des situations assez dramatiques dans une ville,  et à quelques distances, dans une autre ville ou région, la vie se mesure à l’aune des festivités, des animations et d’autres formes de dynamique sociale très active. Pourquoi tant d'indifférence de la part des autres villes de province du pays face au sort de la capitale haïtienne ? Comment montrer aux jeunes qui ne peuvent pas tous quitter le pays, que ce pays ne se résume pas à sa capitale ? Quelles sont les opportunités qui se cachent dans le drame actuel que connaît la République d'Haïti ?

D'ici 2030, quelles sont les villes de province qui pourraient rattraper et dépasser la capitale haïtienne en matière d’investissement, des infrastructures, de stabilité socioéconomique et de sécurité ? Comment les autres départements géographiques du pays s’organisent au niveau de la mobilité sociale, tout en assurant la prévention et la protection de leurs habitants, face aux  crimes et au terrorisme en cours dans la capitale ?  Comment ces villes encore paisibles, devraient-elles utiliser la diaspora comme levier économique pour se renforcer ?

Dans trente ans, la République d’Haïti devrait s’organiser pour commémorer les 250 ans de son indépendance. À travers les jeunes de la génération 2000, qui vont franchir l’âge de la cinquantaine, les villes et les familles les plus avisées, les institutions et les organisations avant-gardistes qui évoluent dans les régions non encore contaminées par le terrorisme en cours dans l’Ouest et l’Artibonite devraient commencer par se questionner sur l’intérêt, l’importance et l’obligation d’anticiper cette commémoration.  

Dans l’attente d’une amélioration de la situation dans la capitale haïtienne, qui ne viendra pas du ciel, il faudra toujours rappeler à tous les Haïtiens, indistinctement, que le pays ne se résume pas uniquement aux villes qui composent la capitale et le département de l’Ouest. À chaque région ses potentialités et ses caractéristiques, sa valeur ajoutée qui va compléter l'identité des autres villes et régions. Il est venu le temps de rappeler aux Haïtiens que l’avenir de la République de Port-au-Prince passera inévitablement par une véritable politique publique  de décentralisation et de déconcentration.

 

Dominique Domerçant

LAISSEZ UN COMMENTAIRE

2 COMMENTAIRES