Haïti sur le fil du rasoir

Port-au-Prince est désormais la ville la plus dangereuse au monde. Pas en termes statistiques bien sûr si on la compare à certaines autres mégalopoles plus peuplées, mais en valeur absolue. La capitale haïtienne est plongée dans un jeu de massacres qui, depuis deux ans, a carrément pulvérisé l'ordre civil. C’est un phénomène inédit : un peuple est poussé à l'exil par des bandes féroces de hors-la-loi qui tuent, violent et incendient.

Un cas d'école, puisque c'est la première fois que des gangsters assumés, sans aucune « idéologie » que la seule volonté de transformer tout un territoire en caverne d'Alibaba, s'imposent avec autant de morgue à un pouvoir d’État.

C'est un défi aux Amériques et à l'ordre démocratique internationalisé par l'Occident. Une gifle honteuse aux pouvoirs publics de ce pays, pathétiques dans leur insoutenable faiblesse.

Cette semaine est celle de la dernière chance. Une délégation de la CARICOM sera dans nos murs pour tenter de dénouer la crise politique. L'opinion publique est sceptique quant à une issue heureuse. Elle est trop habituée au raidissement des uns et au marronnage des autres. La posture triomphante sur un tas de ruines est devenue un sport national. Entre-temps, des compatriotes qui vivent à l'étranger ont mal en leur patriotisme tant l'image du pays est en « dégradé permanent ». Dans les taxis, supermarchés ou dans des conférences, le nom d’Haïti est frappé d'une gluante infa

Nos politiciens auront cette semaine le mot du commencement de la régénération nationale. Ou celui de la... fin. En attendant, les souffrances du peuple n'ont que faire de leur indifférence crasse. L’histoire vous acquittera si vous faites preuve pour une dernière fois de supplément d'âme au milieu de ce chaos sans nom.

 

Roody Edmé

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