Des pays frontaliers

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Le spectacle des camions dominicains chargés de marchandises arrivant dans notre pays et revenant chez eux pratiquement à vide aurait dû depuis toujours inquiéter nos dits dirigeants.

Quand le ventre de votre peuple et son quotidien sont aux mains de l’autre, il se crée un déséquilibre stratégique qui ne peut être qu’a votre avantage.

Mais nos dirigeants ont-ils un peuple dont il se soucie ?

Dans une vidéo virale sur le Net, une femme d’origine populaire dans son langage imagé demande de l’aide pour qu’on lui achète un moteur pour qu’elle puisse remplacer son cœur.

Un moteur comme celui que possèdent nos dirigeants. Un moteur qui lui permettrait d’être insensible à la souffrance de l’autre, la souffrance de celle qu’on violente, qu’on viole, qu’on exécute, la souffrance de ces dizaines de milliers de femmes, d’enfants, chassés de chez eux et ne sachant pas où aller, la souffrance du père et de la mère de famille qui ne sait pas ce qu’ils donneront à manger à leurs enfants au moins pour cette journée qui vient.

Pour penser au pays, il faut penser avant tout au peuple. À nous !

Deux pays frontaliers sont obligatoirement en compétition. Celui qui prend de l’avance sur l’autre dans quelques domaines que ce soit se retrouve en position de force. Sur l’île, nos voisins ont creusé l’écart avec nous dans tous les domaines sans que cela soit le cadet des soucis de nos dits dirigeants. On comprend qu’ils gardent un silence prudent quand il surgit un problème sur la frontière comme c’est toujours le cas entre deux pays.

Mais par un artifice malsain de la pensée, certains trouvent un avantage à ce que nous soyons totalement dépendant de la République dominicaine. Ainsi nous serions en position de force devant nos voisins.

Ce qu’on oublie c’est que la République voisine est gouvernée. Elle a la  matière grise nécessaire pour faire face à de nombreux défis.

Ici, incapables de faire preuve d’intelligence et d’amour pour notre peuple nous sommes dans les réactions émotionnelles passagères qui ne prennent pas en compte le fond du problème.

Il faudra tôt ou tard, si nous ne voulons pas être vassalisés complètement ou transformés en une sorte de zoo dont les habitants seront étudiés à la loupe par les spécialistes des sciences humaines, que nous arrêtions de gesticuler pour penser à remettre à flot notre agriculture, notre système éducatif surtout afin que nous  formions des jeunes haïtiennes et haïtiens qui peuvent penser le renouveau du pays sur la base de nos propres ressources. On clame à satiété que nous sommes riches. Mais pour mettre en valeur une richesse telle qu’elle soit il faut de la volonté, un amour de soi et des autres et surtout de l’intelligence, un savoir axé sur la transformation positive des êtres et des choses.

Gary Victor

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