12 janvier !

Quatorze ans depuis la tragédie du 12 janvier 2010.

À 16 heures 53, un séisme ravageait la région métropolitaine de Port-au-Prince faisant plusieurs dizaines de milliers de victimes.

On pensait alors durant les jours qui suivirent le séisme que cette catastrophe allait nous obliger à nous ressaisir, à mettre fin à nos éternelles et stupides chicanes politiques pour penser à implémenter à une véritable gouvernance.

C’était sans penser à nos instincts séculaires de ripaille, à notre don avéré de profiter de la détresse, de la misère de l’autre pour ramasser de l’or.

Premièrement, on a bien vite gonflé le nombre des victimes en se disant  que plus il serait élevé, plus l’aide de l’étranger serait appréciable.

L’étranger s’est bien prêté au jeu, car l’argent des contribuables occidentaux a été grandement siphonné par de multiples ONG qui ont fait leur beurre par la suite dans notre pays.

On connait l’histoire de tous ces projets souvent faramineux pour la reconstruction de Port-au-Prince. Des brasseurs se sont enrichis sur le dos de toutes les victimes du tremblement de terre. Même un ancien président américain participait à cette grande forfaiture dont le pays a fait les frais.

Quatorze ans après on se demande si on n’est pas dans un séisme continuel. Le tremblement de terre n’avait pas forcé les habitants de Carrefour-Feuilles à abandonner leur quartier pour qu’il puisse être par la suite pillé, dévalisé par une horde de barbares haineux. On a dormi dans les rues, à la belle étoile. C’était le grand tèt ansanm au sein de la population pour passer ce moment difficile.

Au niveau politique rien n’a changé. On est toujours dans ces luttes stériles où aucune négociation n’est acceptable, où le seul objectif c’est d’abattre l’ennemi c’est-à-dire soit celui qui menace de prendre sa place devant la mangeoire, soit celui qu’on juge qui a trop bouffé à la mangeoire.

Le tremblement de terre du 12 janvier aurait pu être un choc salutaire. Il ne l’a pas été. Notre mal est peut-être trop chronique pour qu’une catastrophe naturelle change nos manières de voir et de comprendre nos relations avec l’autre, nos relations avec notre terre. Jusqu’à présent, il y en a qui souhaitent ardemment une catastrophe pour concocter un projet qui apportera quelques centaines de milliers de dollars dans leur compte en banque.

Mais on ne joue pas ainsi le sang de victimes innocentes. Que ce soit celles du tremblement de terre, que ce soit celles  de toutes les violences dont les responsables sont ou ont été aux commandes de la chose publique.

On paie toujours pour le mal qu’on a commis.

 

Gary Victor

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