Le dossier d'Haïti est encore ouvert devant les instances nationales et internationales. Un consensus autour d'un pouvoir bicéphale, pierre d'achoppement d'interminables négociations, a finalement été validé. En effet, des acteurs politiques et de la société civile ont finalement pu trouver une entente et même désigné leurs représentants au sein dudit Conseil. Un regroupement, celui du Premier ministre Ariel Henry, de peine et de misère, se débat encore pour finaliser le choix de son représentant. Comme Henry n’est plus entièrement aux commandes, puisqu'il ne fait que liquider les affaires courantes, la coalition qui l'a jusqu'ici soutenu, a explosé en plein vol. Force est de reconnaître que c’est leur manque de souplesse tactique et les illusions d'un pouvoir fossilisé au fil du temps qui ont débouché sur la catastrophe que nous vivons.
Un conseil présidentiel pointe désormais à l'horizon, mais la météo politique est encore sombre. Le ciel port-au-princien tourne au gris : les pneus enflammés continuent de brûler en dépit du départ du chef de facto de gouvernement.
Le «club» des 7 une fois constitué devra batailler dur pour garder une certaine cohésion. Quant au songe à la violence des rivalités politiques, on peut se demander si ce nouvel attelage ne va trop vite se débander. On connaît nos difficultés de cohabitation politique. Le mal qu'on se donne pour faire échouer le moindre momentum. La propension à transformer nos conflits personnels en conflits nationaux.
Le mal absolu n'est pas un Premier ministre retenu à l'étranger contre son gré : la vraie menace, elle est meurtrière. En plus des défis économiques, il y a donc celui primordial de la sécurité. Les membres du Conseil présidentiel se sont montrés courageux par ces temps troublés d'accepter de s'associer à cette nouvelle formule gouvernementale. Il leur reste de faire taire les divisions et réprimer la tendance à l’égotisme pour finalement assumer cette tâche à haut risque, celui de prendre le gouvernail cassé d'une République en pleine dérive.
Roody Edmé