La honte suprême !

Le déferlement des hordes qui suivent les gangs dans de nombreux quartiers comme Carrefour-Feuilles a mis en lumière cette haine qui a toujours existé dans notre société, haine à laquelle on n’a pas fait attention et qui est aussi et surtout le fruit du mépris dans lequel les possédants, quels qu’ils soient, ont tenu le petit peuple. On se hait pour n’importe quoi et on a plus tendance à rechercher une égalité qui a fait le sociologue Gerard Barthélemy parler d’une conception dévoyée de l’égalité. La réussite de la simple vendeuse de fritay dérange, choque, car elle passe à une marche supérieure de l’escalier social. Avec cette mentalité qui fait qu’il est toujours question chez nous de jalousie, ce qui provoque la peur panique des sortilèges, des ekspedisyon , des envoutements, il suffit d’un dysfonctionnement de la force publique pour que tout devienne possible.

Les religions n’ont rien fait pour une amélioration du mental chez nous, seulement intéressées qu’elles sont à se constituer une meute de fidèles à exploiter. Celui qui travaille, celui qui réussit devient une personne à abattre. L’honnête beaucoup plus que le filou. La paresse, l’ignorance, l’incompétence font bonne figure devant la réussite frauduleuse. Mais la réussite honnête fait mal. Terriblement mal. On ne la supporte pas. On ne la donne surtout pas en exemple.

Le pillage des quartiers de Port-au-Prince est un phénomène sur lequel devraient se pencher des autorités de différents secteurs. Il y a bien sûr l’irresponsabilité, l’incompétence et la complicité des responsables publiques qui devraient être traduits devant la justice. Il faudrait évaluer ces dégâts. Tous ceux ayant participé à cette forfaiture devraient dédommager les victimes. Il faut comprendre aussi le fonctionnement mental de ces hordes de pilleurs qui ne font pas seulement que piller, mais qui dans leur tête punissent ceux qui se trouvent placés à une marche au-dessus d’eux. On casse tout. On saccage tout avec une violence et une haine sans pareille.

 C’est presque la technique de la terre brûlée qui n’a rien à voir avec une quelconque guerre des classes, car le plus misérable voit sa hutte incendiée, ses filles et ses femmes violées. Wòch nan dlo pral konn doulé wòch nan solèy ! À quelque niveau de l’échelle sociale où l’on se trouve, le plus misérable peut identifier moins misérable que lui qui devient ainsi une « roche au soleil. » On se retrouve alors dans la folie, dans que lui le chaos le plus complet.

Le pays se retrouve dans cette macabre comédie, dans le vide le plus complet. Autre temps, autres mœurs. D’autres hommes aussi. Des petits hommes. Des très petits hommes. Des nullards. Des crétins. Des lâches. Des domestiques. Des responsables de la force publique seraient allés chercher un juge de la Cour de cassation. Point final ! Et on aurait commencé à travailler sur les élections. Aujourd’hui, on attend le Blanc. Pitoyable ! La honte suprême pour la Nation !

 

Gary Victor 

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