La ville fantôme !

Port-au-Prince n’est plus que l’ombre d’elle-même. La violence a pétrifié ses rues. Il est revenu le « temps de se parler par signes ».

Un peu partout dans la ville traumatisée, des barricades sont érigées. Une insurrection qui ne dit pas encore son nom gronde toutes les nuits. Les riverains des quartiers menacés se barricadent chez eux, conscients que leurs nuits sont de veille. Le malheur n’avertit pas. Des commandos de la mort peuvent à tout instant envahir leur cadre de vie pour tuer ou piller à tour de bras.

Tous les matins, les nouvelles de la nuit passée s’entassent dans les esprits. Toujours lugubres, elles font peser sur le jour un brouillard épais de désolation. La ville est « une prison à ciel ouvert ». Mais les otages que nous sommes tous refusent d’abandonner et observent, choqués, l’aveuglante indifférence du monde.

Une actualité mortifère qui exhibe l’impuissance des politiques et d’un secteur privé rivé sur la destruction systématique de ses actifs.

Le Conseil présidentiel de transition (CPT) s’est enfin formé mais des voix s’élèvent déjà pour le contester. De plus en plus de gens, principalement sur les réseaux sociaux, réclament le président de la Cour de cassation comme nouveau chef du pouvoir exécutif, histoire de s’approcher de la lettre et de l’esprit de la Constitution.

On doute que cette nouvelle passe d’armes entre partisans et adversaires de cette instance accouchée au forceps puisse vraiment apporter des solutions à nos problèmes qui n’ont que trop duré.

Le Conseil de son côté n’a plus beaucoup de temps. Pour s’être trop donné en spectacle, en mettant en scène son instabilité, elle fait donc la part belle à ses contempteurs.

La semaine s’ouvre donc sur de nouvelles incertitudes et l’angoisse du lendemain demeure la fidèle compagne de nos nuits.

Roody Edmé

 

 

 

 

 

 

 

 

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