Le grand jeu des macaques ?

Un chroniqueur français du Monde Diplomatique avait publié un livre au titre plus que provocateur qui avait attiré plein de fureur à l’époque au pays : Haïti n’existe pas !

Si Haïti, sa terre et son peuple existent bel et bien, on doit admettre tout de même qu’il y a des choses qui n’auraient pas dû exister. Des choses qu’on n’aurait pas dû accepter. Des aberrations sociologiques !

Comme ces neuf membres du Conseil présidentiel qui n’arrivent pas à s’entendre alors que le pays brûle. On se bat pour la présidence. On se bat pour son clan. C’est d’un ridicule nauséabond surtout que les étrangers ayant fait la promotion de ce conseil savent très bien qu’avec ces aberrations sociologiques que sont nos politiciens cela ne pouvait que lancer le grand jeu des macaques.

Qui était pour X et contre Y aujourd’hui se retrouve du jour au lendemain pour Y et contre X. Quand le cerveau n’est plus dans la boite crânienne, on aboutit toujours à ces flagrantes irrationalités qui donnent du jus au chaos.

Pendant ce temps des bandits - ce ne sont certainement pas des révolutionnaires ?- incendient écoles, facultés, pharmacies, des bibliothèques et même un hôpital psychiatrique, dans un délire nihiliste qui ne semble même pas prendre racine dans le slogan aberrant utilisé par un parti politique : Wòch nan dlo pra l konn doulé wòch nan solèy ! Car, dans ce vaste asile psychiatrique qu’est devenue notre capitale, le plus misérable peut indexer moins misérable que lui qui devient ipso facto un wòch nan dlo.

Nous sommes arrivés à ce carrefour parce que depuis des décennies nous faisons la révérence à la médiocrité et à l’ignorance. Nous avons saturé tous les pouvoirs de l’État, toutes les institutions avec des irresponsables, des corrompus, des nuls, produits d’un système éducatif qui ne fait que former des ânes uniquement capables d’arnaquer avec les capacités de leur mémoire. Des ânes tenus en laisse pour une élite apatride et des étrangers trop heureux de travailler à l’inexistence d’Haïti.

La médiocrité et l’ignorance, pire, donnent la main à une sorte de délire de pureté comme quoi on était, pour s’en sortir, à la recherche de citoyens dont la vie serait sans aucune tâche, des espèces de saints. Le jeu est facile à comprendre. La pureté, refusant le dialogue, le compromis, l’entente, rejetant les voies de l’intelligence pratique, n’a jamais rien donné en politique sinon que de bloquer toute solution plausible, excluant toute forme de rédemption, avec le grand risque d’aboutir à un carnage pòlpotien ou rwandais.

Le pays brûle et on fait de la politique. Politique ou jeu de macaques ?

Gary Victor

 

 

 

 

 

 

 

 

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