Ce qui a toujours fait la différence entre le leader politique qui fait l’histoire et celui qui atterrit dans les poubelles ou tout simplement oublié, est sa proximité avec le réel, sa volonté de cheminer avec son peuple. Son discours prend donc en compte la réalité de son temps sans oublier pour autant les réalités subjectives qui peuvent jouer sur les faits et les gestes des hommes et des femmes.
Chez nous, les discours sont souvent formatés dans un moule qui prend en compte les exploits de nos fondateurs et les misères que nous ont fait subir les anciens colons et leurs alliés. Nous en sommes souvent à des gémissements, des accès de colère contre ceux qui ne reconnaissent pas nos contributions toujours passées à des histoires qui certes ont marqué la marche du monde.
Mais le problème avec ces discours c’est justement leur formatage dans ce qui n’est plus qu’un imaginaire qui enveloppe des comportements qui ne sont plus que des impostures. C’est celle du fils qui a galvaudé l’héritage du père et qui se vautre dans la luxure alors que le père avait construit un édifice noble et digne devant porter l’abondance.
Quand la République dominicaine avait remarqué que nous étions bien en avance sur elle dans de nombreux domaines, elle a travaillé dur pour nous dépasser et nous, nous n’avons rien fait, nous vautrant dans nos luttes stériles et nos politiques fratricides, médiocres et antinationales. Le résultat est là.
Nos discours politiques font abstraction d’un regard lucide sur notre situation. Ils manquent totalement d’empathie avec la population souffrante, ce que savent faire les grands leaders même parfois imposteurs. Un discours politique novateur, sérieux ne peut pas faire l’économie d’un appel fort à l’unité, à la sécurité et au travail. Notre pays est détruit par des décennies de mauvaise gouvernance, détruit par l’abordage réussi de nos institutions par les pires délinquants que notre société ait produits. Nous devons manifester par respect pour nos fondateurs une retenue dans le rappel de leurs prouesses, car nous ne sommes plus dignes d’eux. Il faut que nous nous sentions coupables, honteux devant eux, car c’est dans cette honte, dans cette culpabilité que nous devrions puiser l’énergie pour rebâtir ce que nous avons détruit.
Des chefs de gangs parlent, dénoncent sur des réseaux sociaux des politiques. C’est facile de dire que ce sont des bandits. Ils mentent. Bonne manière de se nettoyer de nos puanteurs ! Les autres, eux, ils ne sont pas des bandits ! Ils ne mentent pas ! Dans n’importe quel pays, certaines déclarations de personnes criminelles ou pas, évoluant dans des espaces qui peuvent témoigner d’une certaine connaissance des faits et des choses déclencheraient des enquêtes judiciaires.
Il est urgent aussi pour nous afin de sortir de ce chaos qu’une commission évalue les pertes causées par l’activité des gangs sur notre territoire. Cette commission doit étudier aussi toutes les responsabilités dans cette catastrophe aujourd’hui encore installée.
Gary Victor