Le pays pourrait-il recommencer à fonctionner sans reddition de comptes ? Sans la mise sur pied de commissions pour faire la lumière sur l’une des plus grandes catastrophes que le pays ait connues, c’est-à-dire le glissement vers cette délinquance généralisée culminant avec l’occupation par des gangs de zones stratégiques du territoire national.
Certains diront qu’y a trop de mains puissantes derrière ce qui s’est passé, et certainement aussi des mains étrangères. Il faudrait alors tout passer sous silence et continuer à faire de l’impunité la règle de notre vie politique, économique et sociale.
Cela voudrait dire aussi que toutes ces personnes seraient en bonne position pour rester toujours sur l’échiquier politique et certainement pas pour imprimer une autre direction aux choses. Il s’agirait seulement pour ces traditionnels délinquants de continuer à piloter notre chute avec la dextérité dont ils ont toujours fait preuve en la matière.
Mais quel citoyen oserait penser qu’il serait possible de reprendre les choses en mains sans une reddition de compte minimale et même symbolique, comme elle a eu lieu en Afrique du Sud. Comment la nation peut-elle continuer à fonctionner sans que les citoyens sachent qui sont celles et ceux qui ont financé ces atrocités contre la population, contre le pays, qui sont celles et ceux qui ont travaillé à fournir des armes à ces jeunes démunis dans nos quartiers populaires ? Des milliards de gourdes appartenant à la nation ont été dilapidés dans divers réseaux de corruption devenus plus qu’actifs depuis le tremblement de terre de 2010, en passant par le Petro-Caribe jusqu’à arriver à la gestion calamiteuse du Conseil Présidentiel de Transition et de ses deux gouvernements que nous avons connus, ceux de Conille et de Fils-Aimé. Va-t-on fermer les yeux sur ces véritables hold-up réalisés par une classe politique avec la complicité d’une classe d’hommes d’affaires qui ont toujours joui de cette corruption généralisée ?
Et ces dizaines de milliers de citoyens qui ont tout perdu à cause des exactions des gangs, de la complicité et de l’incompétence de nos dirigeants, ne seront-ils pas dédommagés ? Ces dirigeants politiques et même les responsables de la Police nationale ne peuvent pas s’en tirer à aussi bon compte. Il appartient à la société civile, ou à ce qu’il en reste, de s’organiser et de poursuivre en justice les gouvernements ayant pris part d’une manière ou d’une autre à ces atrocités devant les tribunaux nationaux et internationaux, afin d’obtenir réparation pour toutes les victimes.
On ne cessera de le répéter. Sans reddition de comptes, sans justice, nous n’irons nulle part. Car c’est continuer à donner carte blanche aux délinquants, aux criminels et aux détrousseurs de la nation.
Gary Victor