Il ne reste plus que deux mois avant le 7 février. Une date butoir pour une nouvelle gouvernance censée achever le processus transitoire menant vers des élections. La fatigue est immense au sein de la population, qui souhaite ardemment la fin de cette « permanence intérimaire ».
Des transitions qui, trop souvent, apportent leur lot de massacres, de scandales et de passe-droits. Il est désormais évident qu’aucune élection n’est possible avant le 7 février et que l’on aura droit à une « troisième mi-temps », avec de « nouveaux joueurs » chargés de terminer la partie dans un délai de six mois à un an : le temps de réduire cette insécurité rampante et de rassurer les acteurs politiques.
En attendant, il faut renouveler l’équipe en place. Des tractations ont lieu dans le landerneau politique comme dans la société civile. Les Haïtiens parviendront-ils, pour une fois, à s’entendre san bri, san kont, afin de mettre en place une gouvernance provisoire apaisée en vue des élections et de la formation d’une constituante qui devra définir les contours d’une nouvelle politique nationale ? Les partis politiques sauront-ils élaborer un agenda économique permettant un retour digne et sûr dans les quartiers, ainsi qu’une relance de l’emploi à travers des politiques d’incitation en faveur des petites et moyennes entreprises ?
Bref, une opération urgente de retour à la vie, après que l’on aura mis fin à cette longue nuit des « longs couteaux ».
Et si, cette fois, au lieu de prolonger l’attente, le pays décidait enfin de prolonger l’espoir — celui qui naît lorsque, malgré le chaos, une nation trouve encore la force de choisir l’avenir plutôt que la survie ?
Roody Edmé
