Un an sans toit !

Dans la liste des drames survenus au cours de l’année 2021, figure notamment la guerre entre les deux gangs rivaux qui occupent et se partagent deux quartiers de l’entrée sud de la capitale haïtienne.

Depuis le 1er juin 2021, ils sont nombreux, les enfants et leurs familles qui ne disposent plus d’un toit pour se protéger et vivre dans la dignité. La violence imposée par les groupes armés en quête d’extension et d’expansion de leur territoire a eu le dessus.

Des dizaines de personnes ont été assassinées, des centaines de familles sont parties vers les quartiers voisins et des centres d’accueil improvisés comme des places publiques et des censportifs.

Drame collectif. Le territoire d’Haïti, particulièrement la capitale haïtienne,est depuis coupé de quatre autres départements géographiques. La Grand’Anse, le Sud, Les Nippes et le Sud’Est ne peuvent plus échanger par voie terrestre avec la métropole de Port-au-Prince.  

Déplacement massif ou progressif. Quelques membres des familles, qui ont voulu retourner dans ces quartiers pour récupérer des objets de valeur ou des biens pouvant leur servir, ont été dans certains cas tués, punis sévèrement, enlevés contre rançon.  

Deux quartiers, historiquement et culturellement qui ont marqué plusieurs générations, n’existent presque plus. Les investissements consentis par la Fokal, pour sauver ce patrimoine urbain et écologique, et offrir à la capitale haïtienne un parc attractif dans la zone de Martissant, tombent du coup dans l’indifférence.

Déjà un an, depuis que ces familles sont sans toit. Elles vivent dans la mendicité et l’indigence, l’indifférence et la solidarité de quelques âmes généreuses. Qu’ont-elles fait de mal pour mériter ce sort ?

Déjà un an, depuis que l’intention de traverser Martissant est devenue un acte suicidaire. Quelle institution détient les statistiques quotidiennes et périodiques rapportant le nombre de victimes causées par ce nouvel ordre criminel ? Combien de femmes, d’enfants et de paisibles citoyens ont été tués depuis le 1er juin à nos jours ? Comment restaurer la mémoire des personnes disparues et rétablir la sécurité dans ces villes et quartiers orphelins de l’assistance del’État ?

Déjà un an depuis que la déshumanisation de l’être haïtien allait s’inscrire dans une nouvelle dynamique institutionnelle sans merci, sans secours, sans recours et sans un possible retour des familles dans ce qui leur restera de toit pour vivre, survivre et ne plus revivre ce drame.

Douze mois se sont ainsi écoulés dans l’indifférence presque totale de la communauté internationale qui se dit souvent solidaire au peuple haïtien.  Quel prix Haïti continue-t-il de payer ?  

Droit de vivre dans son pays natal, droit de vivre en toute sécurité dans son quartier et sa résidence, droit de circuler en toute liberté et de se divertir, droit de vivre et non survivre, voici une liste de droits qui deviennent des luxes pour certaines couches de la population haïtienne depuis quelque temps. À quand la fin de cette récréation avec des gangs qui font la loi ? À quand la fin des vacances des institutions étatiques qui font du surplace ?

D’aucuns pensent qu’un an sans toit, pour ces milliers de familles, c’est déjà trop. L’État doit se réveiller pour pouvoir justifier sa mission régalienne et ses engagements internationaux, en se responsabilisant envers la population, notamment les membres les plus vulnérables.   

Dominique Domerçant

 

 

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