La peur plane sur le pays

La situation sécuritaire catastrophique du pays engendre un climat de terreur dans les grandes villes du pays, notamment dans la zone métropolitaine de Port-au-Prince où les cas d’assassinat et d’enlèvement se multiplient. La population de ces communes vit dans l’incertitude et la panique généralisées.

L’insécurité prend des proportions inimaginables de jour en jour dans le pays. Devant l’incapacité des forces de l’ordre légalement constituées à prendre le contrôle, les individus hors de la loi continuent de terroriser la population haïtienne. Pas un jour sans la perpétration d’un acte de kidnapping dans l’aire métropolitaine de Port-au-Prince au cours de ces deux dernières semaines. Cette situation, ajoutée aux messages d’intoxication sur les réseaux sociaux, engendre un climat de peur et de panique dans les rues de la zone métropolitaine. Les autorités étatiques n’arrivent pas à délivrer des messages rassurants et d’autorité. La méfiance s’installe.

Depuis après la période de pays lock, la population haïtienne continue de vivre des jours sombres à cause de la montée vertigineuse de l’insécurité. Les artères principales comme les zones résidentielles ne sont pas épargnées des assauts des bandits. Outre des zones déjà réputées dangereuses avec la présence des gangs lourdement armés, les autres quartiers font face à des situations d’insécurité insolite. En plein jour ou à la tombée de la nuit, les malfrats commettent leurs forfaits sur les membres de la population sans aucune crainte. Plusieurs victimes sont déjà enregistrées.

Face à la répétition des cas d’enlèvements au cours de ces dernières semaines, les familles haïtiennes ne cachent pas leurs inquiétudes pour la sécurité de leurs progénitures. Devant les établissements scolaires, les parents se bousculent pour protéger leurs enfants contre les enlèvements. De nombreux parents menacent de retenir leurs enfants à la maison si la situation sécuritaire du pays reste ainsi. Certaines écoles essaient, toutefois, de renforcer leur système de sécurité pour empêcher aux intrus de franchir les barrières de leurs institutions.

Dans les rues, le kidnapping devient le refrain d’une chanson populaire à la mode. Tout le monde en parle. Les citoyens s’interrogent tous sur la motivation de ce phénomène et le comportement de l’État central face à ces actes. Conscients qu’ils sont livrés à eux-mêmes, des citoyens se préparent pour se défendre. Ils veulent abattre tout individu suspecté dans la perpétration de tels actes. D’autres citoyens pensent à organiser des marches pacifiques pour interpeller les plus hautes autorités de l’État central. À Martissant et Fontamara, une marche citoyenne improvisée a été organisée le mercredi 12 février pour solliciter le rétablissement d’un climat normal de sécurité. Une autre marche est prévue le vendredi pour continuer à attirer l’attention de l’État central sur la nécessité d’adopter un plan de sécurité d’urgence.

L’Office de la protection du citoyen appelle l’État haïtien à assumer ses responsabilités

Selon l’Office de la protection du citoyen, les nombreux cas de kidnapping dénoncés par la clameur publique ne sont pas des intox. « Il ne s’agit pas de rumeurs ni de fausses alertes, mais bien d’une réalité à prendre au sérieux. En effet, le climat d’insécurité qui s’installe dans le pays est la conséquence de la prolifération des gangs armés qui opèrent sans crainte dans les quartiers défavorisés », indique une note de l’institution portant la signature du protecteur du citoyen. L’institution nationale de promotion et de protection des Droits humains affirme avoir entendu le cri de détresse de concitoyens et concitoyennes, des jeunes, pour la plupart de professionnels qui menacent d’abandonner le pays à cause du banditisme couplé avec les actes de kidnapping.

Eu égard à cette situation préoccupante pour la population, l’OPC rappelle que la sécurité des vies et des biens des citoyens et des citoyennes relève de la responsabilité de l’État au regard de la Constitution haïtienne et des instruments internationaux de protection des droits de l’Homme. « L'État a l'impérieuse obligation de garantir le droit à la vie, à la santé, au respect de la personne humaine, à tous les citoyens sans distinction, conformément à la Déclaration universelle des droits de l'homme (art. 19 de la Constitution haïtienne) », avance l’institution qui estime que « quand l’État ne protège pas des citoyens des atteintes commises par d’autres, il partage avec leurs auteurs la responsabilité des torts infligés ».

Par ailleurs, l’OPC croit qu’il est urgent que les forces de sécurité du pays se mobilisent en vue de définir des stratégies efficaces pour apporter des réponses immédiates et endiguer ce fléau qui continue de semer le deuil et la désolation dans la société. L’institution réitère son appel à la solidarité et à une prise de conscience collective pour sortir le pays dans cette crise tout en recommandant aux membres de la société civile, soucieuse de la paix, de la tranquillité, de la sécurité en général de coopérer avec l’institution policière dans sa lutte contre la criminalité.

Woovins St Phard

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