Le phénomène de l’insécurité hors contrôle en Haïti ne semble nullement préoccuper les dirigeants et les élites du pays. La banalisation de la violence et les bandits qui n’observent aucun répit dans la multiplication des crimes dans la région métropolitaine de Port-au-Prince sont les principales manifestations de cette crise. À quand la fin de cette impasse se questionne plus d’un ?
En effet, durant le week-end du 3 au 5 juin, plusieurs personnes ont été kidnappées ou exécutées. Des malfrats ont enlevé le pasteur Béloni Joachin et son épouse à Gressier au sud de la capitale ; les bandits sont entrés par effraction au domicile du couple avant de commettre leur forfait. Par ailleurs, 4 personnes, dont le prête Dorvilus, ont été kidnappées à Bassin Bleu. Le prête Dorvilus a été enlevé au sein même du presbytère de l’église catholique de Laplate Nieraque, une section communale de Bassin Bleu.
Le jeudi 2 juin 2022, trois décès et plusieurs blessés ont été recensés lors d’une fusillade à Gérald Bataille, par des individus à moto. Également, deux personnes ont été exécutées le 4 juin, à Bon repos, sur la route nationale numéro un, dans la commune de la Croix des bouquets par des bandits qui se trouvaient dans un véhicule aux vitres teintées et dépourvues de plaque d’immatriculation.
C’est dans cette situation délétère, où l’insécurité, la crise sociopolitique sont à leur paroxysme que le Premier ministre Ariel Henry a laissé le pays, le 3 juin en direction des États-Unis en vue de participer au neuvième Sommet des Amériques qui s’ouvre ce lundi à Los Angeles, pendant que les bandits continuent de faire chanter leurs armes à Pernier où la population terrorisée lance un appel au secours.
« Ma mère, âgée de 74 ans, tout comme nous, étions obligées de rester à même le sol en dessous de notre lit pendant 7 à 8 heures, avant que les bandits n’observent une pause. Nous avons profité de ce moment de pause pour nous faire à manger, à peine si ma mère pouvait se tenir debout à cause de ses douleurs musculaires », a poursuivi Boni ( nom d’emprunt) résident à Pernier depuis son enfance.
Les bandes armées contrôlent une bonne partie de la capitale. De Bel-Air à Grand Ravine, la Plaine du Cul-de-Sac à la Croix des Bouquets, de Pernier à Torcel, de Drouillard à Cité Soleil et Martissant, entre autres, ce sont les bandits qui fixent les règles du jeu.
Si auparavant, les usagers de la route à l’entrée sud de la capitale ont préféré rallier la route de Saint-Jude pour éviter de tomber sous les balles des gangs armés à Martissant, aujourd’hui, la route de Martissant et Saint-Jude semble être gangrenée. Saint-Jude est assiégé par des individus armés qui font de la population civile leurs principales victimes.
En Haïti, personne, jusqu’à date, ne peut dresser un rapport concernant le nombre de femmes, d’enfants et de jeunes victimes, de meurtres, des blessures et d’enlèvements des groupes armés.
Vladimir Predvil