Des bandits détournent des camions-citernes de carburant au profit du marché noir

Les dernières cargaisons de produits pétroliers arrivées au terminal de Varreux n’ont pas mis fin à la sensible rareté de l’or noir constatée sur le marché, quoiqu’il s’agissait d’une quantité insuffisante, a soulevé le président de l’ANAPROSS, Marc André Dériphonse. De fait, les transporteurs et les compagnies pétrolières font face à d’énormes difficultés, comme l’insécurité, des problèmes économiques liés à l’accumulation du dollar américain lors des commandes, mais également des hommes armés qui détournent des camions-citernes de carburant. En ce sens, les stations-service sont incapables de s’approvisionner.

« Dans les parages du terminal de Varreux, l’ambiance n’est pas une partie de plaisir pour les distributeurs des produits pétroliers. Des hommes armés leur rançonnent au quotidien. Ils doivent verser une forte somme d’argent pour laisser passer les camions [..]. Ces malfrats détournent au quotidien une quantité considérable de camions-citerne au profit du marché noir », a confié un distributeur à la rédaction du journal Le National. Entre autres, ce citoyen, qui n’a pas voulu s’identifier pour des raisons de sécurité, confirme que le plus grand problème qui serait à la base de cette pénurie du liquide en or sur le marché serait le marché illicite de ces produits, planifiés par divers secteurs, dont les groupes armés.

 

Marc André Deriphonse, le président de l’Association nationale des propriétaires des stations-service (ANAPROSS), a parallèlement soulevé que les pompes à essence sont incapables de s’approvisionner régulièrement par rapport à la crise multidimensionnelle du pays. « Nous faisons face à des commandes insuffisantes. Les dernières cargaisons estimées à près de 6 millions de gallons n’ont pas été proportionnelles à la demande du marché puisque des entreprises qui ne veulent pas tomber dans la pénurie, mettent la pression sur les distributeurs pour trouver une bonne partie dans la quantité de produits pétroliers disponibles, alors que les autres consommateurs doivent dans tous les sens se livrer au marché illicite », a-t-il souligné. Néanmoins, M. Deriphonse indique que les responsables des pompes font également face à des compagnies pétrolières qui exigent de payer en dollars les transactions. « C’est un véritable casse-tête. Dans une rencontre avec des autorités du gouvernement, nous avons parlé de tout cela, mais rien n’a été fait pour accompagner les propriétaires des stations-service », a-t-il fait savoir.

 

Par contre, le président de l’ANAPROSS soutient que la pénurie des produits pétroliers, observée depuis des temps sur le marché, est bien plus compliquée. « Il y a une insouciance totale du gouvernement. Le secteur économique est à sa descente aux enfers. C’est la toute première fois dans l’histoire du pays qu’on connait une telle chute à travers les diverses activités économiques. Rien ne fonctionne, nous sommes abandonnés à nous-mêmes », admet-il! De fait, les 165 000 barils de diesel et 100 000 barils de gazoline aux terminaux de Thor et de Varreux, ce 16 et 17 avril 2023, et la prochaine cargaison attendue pour ce 20 avril, comme l’a annoncé le Bureau de monétisation des programmes d’aide au développement (BMPAD), dont plus de 200 000 barils en 8 jours, ne sont pas suffisants pour permettre une large distribution de l’essence au niveau des stations-service. « Une bonne partie de ces produits sera toujours destinée au marché parallèle dans un tel contexte. Pour remédier à cette crise, l’État doit assurer la sécurité et garantir l’intérêt de tous les secteurs dans ce commerce juteux », a ajouté M. Dériphonse.

 

Oberde Charles

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