STABILISATION DU SYSTÈME FINANCIER HAÏTIEN

L’État gagne le pari, la population paie les frais

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L’économie haïtienne est en récession depuis plusieurs années. Une crise qui perdure et qui a conduit plus de 5,2 millions de personnes vers la précarité qui nécessite un besoin d’une aide humanitaire. Cependant, les institutions commerciales continuent de bien s’en tirer malgré les troubles liés à la situation sécuritaire et sociopolitique du pays. Le gouverneur de la Banque centrale, Jean Baden Dubois, a, pour sa part, précisé que le système financier haïtien est en bonne santé, seulement il a fallu que la Banque centrale prenne des mesures à travers ses circulaires, afin de forcer les banques à observer une certaine discipline au niveau des risques.

Participant à la 13e édition du Sommet international de la finance, à Port-au-Prince, cette semaine, le gouverneur de la Banque centrale, Jean Baden Dubois a fait une déclaration qui a enflammé la toile. « Le système financier haïtien se porte bien, malgré la situation délétère du pays. La Banque centrale a pris des mesures, au niveau de ces circulaires, de façon à forcer les banques à observer une certaine discipline au niveau des risques », a-t-il soumis.  Le crédit a augmenté au niveau de ces institutions et leurs assises financières sont stables et dépassent celles exigées par la BRH, dans le cadre de leur fonctionnement. Entre autres, au premier trimestre de l’exercice fiscal 2022-2023, ce secteur accuse une performance considérable, contrairement à la situation de crise qui affecte dive secteurs d’activités du pays. « L’actif du système s’est chiffré à 677,06 milliards de gourdes en novembre, soit une hausse de 10,96 % par rapport au 30 septembre 2022. Le produit net bancaire (PNB) a atteint 6,9 milliards de gourdes sur les deux premiers mois de l’exercice fiscal 2022-2023, dont une hausse de 37,3 % par rapport à la même période de l’exercice précédent, a annoncé la Banque de la République d’Haïti, dans son rapport sur la politique monétaire de l’exercice fiscal en cours, publié en février dernier.

 

Selon l’économiste Michaelle Paraison, cette lecture de la situation, faite par le gouverneur de la Banque centrale, ne traduit pas exactement la réalité méso et microéconomique du marché, du fait qu’une bonne partie de la population fait face à l’illusion monétaire, d’où une complète incapacité de celle-ci de répondre à ses besoins de base. « Lorsqu’un système financier est en bonne santé, l’efficacité de la politique monétaire est assurée. L’intermédiation financière à des fins de réinvestissement se fait sentir.  Le crédit est accessible à tous les particuliers, moyennant qu’on sache comment y procéder », a-t-elle lancé. Néanmoins, elle assure qu’il n’y a parallèlement aucun accès au crédit pour une grande partie de la population, il y a un manque d’investissement, des entreprises sont à court de service par rapport à l’intensification des activités criminelles des gangs. En revanche, Mme Paraison rappelle que la Banque centrale a passé hors de sa mission qui est une bonne régulation du marché en vue de combattre l’inflation et contrôler la tendance monétaire.

 

En effet, la détérioration du climat sécuritaire du pays est principalement le premier grand obstacle à la stabilité et le bon fonctionnement des activités. Sans pour autant épargner de la violence des gangs, les institutions commerciales sont obligées de fermer plusieurs de leurs succursales tant au niveau de l’aire métropolitaine de Port-au-Prince et des villes de province. Donc, tout le progrès des banques et des autres institutions commerciales dans ce contexte s’explique par le fait que des institutions étatiques ont pris des mesures pour sauvegarder leurs poids macroéconomiques alors que la population en paie les frais et subit au quotidien les conséquences de ces décisions, en tant que consommateur final.


 

Oberde Charles

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