HAÏTI INSÉCURITÉ

Les chefs de gang font des menaces publiques

Suite à l’incident ayant coûté la vie à plus de 13 présumés bandits à Canapé-Vert, les citoyens se sont réveillés. Dans plusieurs régions du pays, notamment dans le département de l’Ouest, les riverains mènent la vie aux gangsters supposés. En représailles, ces malfrats exécutent sans froid des membres de la population.

En effet, depuis le 24 avril, on assiste en Haïti à des scènes effarantes. Armée de machettes, de bâtons entre autres, la population s’est mobilisée pour tenir tête et éliminer les civils armés qui pourrissent leurs quotidiens. Ce mouvement dénommé « bwa kale » a déjà occasionné le départ brutal de plusieurs bandits présumés.

Dans les communes de Pétion-ville, Delmas, Port-au-Prince et des certaines villes de province, des membres des bandes armées sont bastonnés, lynchés puis brûlés. Des barricades visant à limiter le déplacement des bandits. Des regroupements de citoyens sont constitués dans des localités pour assurer la surveillance.

Des initiatives qui ont contraint des chefs de gang à se retrancher dans des quartiers dont ils ont totalement le contrôle. Et sans parler des conséquences sur leur fructueuse entreprise de kidnapping, car depuis le déclenchement de ce mouvement de citoyen, les enlèvements ont baissé considérablement selon les constats.

Les chefs de gangs menacent et passent à l’offensive. Près de 4 quatre chefs de gangs opérant dans la région métropolitaine de Port-au-Prince se sont prononcés via les réseaux sociaux pour dénoncer le mouvement et surtout pour menacer de faire chanter la poudre en prenant pour cible principale des citoyens et citoyennes qui participent dans la chasse aux bandits armés et à leurs alliés. 

Dans une vidéo devenue virale à la fin de la journée du mercredi 3 mai, on voit des civils armés exécutés un jeune homme et une femme apparemment âgée, un acte qui serait posé en représailles à la traque des bandits. Dans le département de l’Artibonite, des bandits ont filmé des gens assis, à même le sol, et mentionnent qu’ils auraient pu s’en prendre à eux.

Une situation qui inquiète au plus haut point. D’après le professeur Geraldo Saint Armand, cette nébuleuse qui prévaut dans le pays risque de provoquer davantage le déchirement du tissu social où chacun essaie par tous moyens de se faire justice, et surtout elle peut donner lieu à des exécutions sommaires à répétitions.  

Cependant, des acteurs politiques, comme Jean Samué St Fleur, appellent à l’intensification des mouvements populaires dans le pays. Les forces de l’ordre étant révélées impuissantes face aux gangs criminels. Pour lui, c’est le seul moyen de freiner le banditisme, et le peuple devrait penser également à questionner de la même manière des acteurs politiques qui, dit-il, ne sont pas innocents dans la débâcle du pays.

 

Esdra Jeudy

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