Haïti : « il faut agir d’urgence maintenant », selon la présidente de l’ECOSOC

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es mots ne suffisent pas pour soulager les multiples crises qui affligent Haïti, a déclaré, vendredi dernier, la présidente du Conseil économique et social de l'ONU (ECOSOC), lançant un appel à une action internationale urgente.

 

Lachezara Stoeva s'adressait à une réunion de crise spéciale sur Haïti organisée par l'ECOSOC pour répondre aux besoins urgents du pays en matière de sécurité alimentaire. Elle a noté que le plan de réponse humanitaire pour cette année n'est financé qu'à 22,6 %.

 

Appel à la vigilance

 

« Ce plan cible 3,2 millions d'Haïtiens alors qu'environ 5,2 millions d'entre eux sont dans le besoin. Cela devrait être notre signal d'alarme », a-t-elle déclaré au groupe de Premiers ministres, de responsables des agences d’aide des Nations Unies, de représentants de la société civile et d'autres parties prenantes réunis au Siège des Nations Unies, à New York.

Au cours de la réunion de haut niveau, la Directrice exécutive du Programme alimentaire mondial (PAM) et celle du Fonds des Nations Unies pour l'enfance (UNICEF) ont annoncé qu'elle se rendraient en Haïti dans les prochains jours afin d’attirer l’attention sur l'ampleur de la crise.

Le récent tremblement de terre, les inondations et les glissements de terrain ont exacerbé les troubles politiques et économiques, combinés à une insécurité rampante et à la violence perpétrée par des gangs armés, ce qui a déclenché une crise alimentaire et sanitaire pour des millions de personnes.

« Nous devons tirer les leçons de nos efforts passés en Haïti. Une approche de l'ensemble de la société qui engage le peuple haïtien serait la clé pour construire des systèmes alimentaires résilients », a-t-elle déclaré, appelant à associer une réflexion audacieuse à une action immédiate.

 

Descente « alarmante »

 

Bob Rae, le président du groupe consultatif de l'ECOSOC sur Haïti et Représentant permanent du Canada auprès des Nations Unies, a déclaré que la crise continuait à se détériorer « à un rythme alarmant ».

 

Les besoins humanitaires ont doublé au cours de l'année écoulée.  Aujourd'hui, 1,8 million d'Haïtiens sont confrontés à des niveaux d'insécurité alimentaire d'urgence et près de cinq millions ne mangent pas à leur faim. 

« Cela représente la moitié de la population du pays », a-t-il fait valoir.

Livraison par l'UNICEF 

La Directrice de l'UNICEF, Catherine Russell, a averti que le pays était « au bord de la catastrophe ».

Elle a rappelé à l'assemblée que l'agence travaillait en Haïti depuis des décennies et qu'elle restait profondément engagée à soutenir tous les enfants du pays.

« Aux côtés de nos partenaires, nous nous engageons avec les dirigeants des communautés et les autres parties prenantes concernées pour faciliter la circulation en toute sécurité des travailleurs et des fournitures humanitaires », a-t-elle déclaré.

La cheffe de l’UNICEF a affirmé que son agence élargissait également sa réponse « dans les domaines de la santé, de la nutrition, de la protection, de l'éducation, de l'eau, de l'assainissement et de l'hygiène ».

« Depuis le début de l'année, nous avons dépisté l'émaciation chez plus de 243.000 enfants de moins de cinq ans, aidé près de 70.000 femmes et enfants à accéder aux soins de santé, fourni de l'eau potable à plus de 417.000 personnes et distribué du matériel pédagogique à 30.000 enfants », a fait valoir Mme Russell.

 

Il est grand temps d'agir, a-t-elle estimé, annonçant son intention de se rendre en Haïti « dans les prochains jours » pour évaluer la réponse collective et « réitérer l'engagement de l'UNICEF à aider le peuple haïtien ».

 

Des investissements et des actions sont cruellement nécessaires pour Haïti, a-t-elle déclaré, appelant à travailler ensemble.

 

« Ensemble, nous pouvons nous joindre au peuple haïtien pour briser le cycle des crises et commencer à construire un avenir plus pacifique et plein d'espoir », a dit Mme Russell.

Une attention toute particulière à la « crise oubliée » 

La haute responsable du PAM, Cindy McCain, a également déclaré qu'elle serait sur le terrain la semaine prochaine, « je me réjouis donc de l'attention que vous portez à cette crise oubliée ».

La situation est désastreuse et s'aggrave de jour en jour, a-t-elle ajouté.

 

1,8 million de personnes sont gravement menacées de famine

 

« La faim a atteint des niveaux record. 4,9 millions de personnes, soit près de la moitié de la population, sont en situation d'insécurité alimentaire aiguë. Parmi elles, 1,8 million de personnes sont gravement menacées de famine ».

Elle a ajouté qu' « une réponse humanitaire coordonnée et bien financée doit faire partie de la stratégie plus large visant à restaurer la sécurité et la stabilité politique en Haïti ».

Malgré les difficultés, le PAM est resté sur place et a tenu ses promesses, en apportant son soutien à 1,8 million de personnes et en se fixant pour objectif d'atteindre 2,3 millions de personnes au cours de cette année, après avoir déjà aidé 1,4 million de personnes en leur apportant une aide alimentaire et un soutien aux moyens de subsistance vitaux.

« Mais nous avons besoin de toute urgence du soutien de la communauté internationale. Sans fonds supplémentaires, nous ne serons pas en mesure d'atteindre tous ceux qui ont besoin d'aide », a souligné Mme McCain.

« Mesdames et Messieurs, nous devons agir maintenant et travailler ensemble pour fournir de la nourriture et des transferts d'argent aux millions de personnes qui comptent sur nous. Ensemble, nous pouvons faire la différence et aider le peuple haïtien à reconstruire ses vies brisées ».

 

 

 

En Haïti, un enfant souffrant de malnutrition aiguë sévère mange un supplément nutritionnel.

 

Renforcer la résilience alimentaire locale

 

La Coordinatrice humanitaire et résidente des Nations Unies en Haïti, Ulrika Richardson, a déclaré à la réunion spéciale que les Nations Unies travaillaient « main dans la main » avec le gouvernement, ainsi qu'avec des partenaires locaux et internationaux, pour rendre les systèmes alimentaires plus résilients.

 

Cela inclut une politique et une stratégie nationales récentes pour la sécurité et l'indépendance alimentaires, et il ne faut pas oublier comment l'impact du changement climatique et les risques climatiques mettent en péril les approvisionnements alimentaires.

En Haïti, les Nations Unies encouragent la production locale et stimulent l'agriculture locale, grâce à des mesures telles que l'utilisation de cultures locales dans les programmes alimentaires des écoles. D'ici à 2030, tous les programmes alimentaires devraient être entièrement produits localement.

« S'attaquer aux causes profondes de l'instabilité et restaurer le bien-être social et économique en Haïti peut être réalisé en promouvant la souveraineté alimentaire, en recalibrant les politiques agroalimentaires, en favorisant le consensus des parties prenantes et en tirant parti du soutien international », a conclu la Coordonatrice résidente.

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