Haïti/Insécurité

Le «péage» imposé comme norme par les bandits sur les routes nationales

Les syndicats du secteur de transport dénoncent une fois de plus le droit de péage que les bandits imposent aux chauffeurs qui empruntent les routes nationales. Ils invitent les autorités à rétablir un climat de paix et de sécurité afin que les transporteurs puissent assurer librement les trajets.

 

Depuis plus de deux ans, soit en 2021 des hommes armés règnent en maître et seigneur à Martissant et ses environs. Ils tuent, pillent, volent, violent, organisent des enlèvements suivis de séquestrations. Une situation qui, à un certain moment, avait paralysé la route nationale numéro 2, en limitant la circulation de biens et de personnes. Ainsi, des centaines de chauffeurs se sont retrouvés au chômage. Pour reprendre leur boulot quotidien, certains transporteurs ont accepté de verser  la somme d'argent réclamée par les malfrats.

 

En 2022, les alliés du groupe de gangs de Martissant se sont installés à Canaan. À leur tour, ils ont fait régner la terreur au milieu de la population. Ils ont mis sur place ce même système de rançon qui consiste à verser une somme d'argent pour traverser la route nationale numéro. Dès lors, les entrées nord et sud de la capitale sont occupées par des civils armés et très peu de citoyens décident de s'y aventurer.

 

Pour échapper à ce règlement imposé par les caïds, les chauffeurs interurbains assurant les trajets entre le Grand Nord et la capitale haïtienne, utilisent des détours en empruntant la route nationale numéro 3 en passant par Morne-Cabri. De nouveau, les hommes armés se sont tournés vers cette voie pour poursuivre leur sale besogne.

 

Ainsi, les syndicats du transport s'alarment contre cette situation qui a de lourdes conséquences sur l'économie haïtienne, la production nationale, le secteur du tourisme, le système de santé, le système éducatif et toutes les couches sociales du pays.

 

 « Les bus qui assurent les trajets Cayes- Port-au-Prince doivent payer pour aller et retour 40 000 mille gourdes, ceux de Jacmel et de Miragoâne 10 000 gourdes, ceux de Léogâne 2500 gourdes et 10 000 gourdes pour le trajet de Petit-Goâve», explique Changeux Méhu, responsable de l'Association des chauffeurs et propriétaires haïtiens ( ACPH)

 

Il indique qu'indépendamment du fait que le véhicule soit rempli  ou non, le montant reste le même. Il prend en exemple les bus qui transportent de la marchandise et qui versent près de 75 mille gourdes pour traverser. En revanche, les bus qui assurent le transport entre la République d'Haïti et la République dominicaine doivent également se plier à cette exigence.

 

Le syndicaliste déplore la passivité des dirigeants tout en rappelant que le secteur de transport avait observé un arrêt de fonctionnement en mai dernier pour faciliter l'opération qu'avait lancée la Police nationale d'Haïti, visant à déloger les hommes armés du Bicentenaire et de ses environs. Suite à cet arrêt de travail,  le droit de passage a été majoré. «Pour avoir observé l'arrêt de travail au moment des opérations policières, les bandits ont augmenté le péage en passant de 15 000 gourdes à 20 000 gourdes», a-t-il expliqué.

 

De son côté le syndicaliste Jacques Anderson Desroches a fait savoir qu'en plus du droit de péage les bandits détournent les marchandises. «En dépit du droit de passage, les civils armés réclament une quantité d'argent séparée pour les marchandises, les chauffeurs, les commerçants. Certaines fois, après le versement de l'argent, ils peuvent décider de garder la marchandise», déclare-t-il.

 

M. Desroches confirme que les agents de l'ordre facilitent les passages aux transports en réclamant, à leur tour, une quantité d'argent. «Les policiers aussi font payer aux chauffeurs pour pouvoir les aider à traverser les foyers de gangs, mais les transporteurs préfèrent l'offre de ces derniers parce que leur prix est moins exorbitant par rapport à celui des bandits», confie-t-il .

 

Pour sa part, la présidente du Rassemblement des Madan Sara (RAMSA), Jocelyne Jean-Louis, estime que le droit de péage a de grandes conséquences sur les activités commerciales des commerçantes affirmant qu'elles paient aussi constamment pour le passage de leurs marchandises, ce qui occasionne des déficits dans leurs affaires. Elle informe qu'elles sont, certaines fois, victimes de viols collectifs en traversant ces zones rouges.

 

Sheelove Semexant

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