Le CARDH et Sant Karl Levêque partagent leurs avis sur le déploiement de la force multinationale en Haïti

Le vote du Conseil de sécurité des Nations unies autorisant le déploiement d'une force multinationale en appui à la Police nationale d'Haïti est une étape importante vers la protection de la population, selon le Centre d'analyse et de recherche en droit de l'homme (CARDH). De son côté, Sant Karl Levêque estime qu'il incombe aux Haïtiens de faire front commun pour sortir le pays de cette impasse occasionnée par l'hégémonie des gangs.

Dans une note en date du 3 octobre 2023, les responsables du Centre d’analyse et de recherche en droit de l’homme disent croire que la venue d’une force multinationale est déjà un souffle de soulagement pour le peuple haïtien, en proie à la violence des gangs. Pour cause, le centre rappelle qu'actuellement, il y a entre 30 000 à 35 000 déplacés internes dans 45 sites de la zone métropolitaine de Port-au-Prince qui vivent dans des conditions inhumaines et dégradantes en raison de la violence qui s'étend dans toute la partie nord de Port-au-Prince.

« L’adoption, ce lundi 2 septembre 2023, par le Conseil de sécurité, de la résolution autorisant le déploiement d’une force multinationale en appui à la Police nationale d’Haïti est une étape importante vers la protection de la population haïtienne, notamment les plus vulnérables, au nom du « principe de la responsabilité de protéger » qui incombe à la communauté internationale dans son ensemble. »

La priorité de cette mission devrait fondamentalement se baser sur deux axes majeurs : le rétablissement de la sécurité et la professionnalisation de la police. Pour y parvenir, il faudra, entre autres, bloquer la progression des gangs, rouvrir les principaux axes routiers et sécuriser les bâtiments et zones stratégiques, mener des opérations d’envergure pour déloger les gangs et libérer les zones prises en otage, garantir un plan de sécurité spécial pour les plus vulnérables, a fait savoir le Centre d’analyse et de recherche en droit de l’homme.

Cependant, ladite organisation de défense des droits humains a laissé entendre que cette résolution est un début de réponse à ce cycle de violences. En ce sens, le CARDH pense qu'il faudra clairement définir le mandat de la mission et les mécanismes pour éviter les dérives qu’on a connues par le passé notamment avec la MINUSTAH. Dans l’intervalle, il faut renforcer la Police nationale d’Haïti afin de limiter la progression des gangs, car le déploiement sera effectif, au plus tôt, au mois de janvier, comme l’a souligné le gouvernement kényan, a rétorqué ce groupe de défenseurs des droits humains.

« Au niveau de la gouvernance, des dispositions doivent être prises pour engager certaines réformes et protéger la population. En outre, il faut poursuivre l’application des régimes de sanctions contre ceux qui financent les activités criminelles, tout en se rapprochant des principes de l’État de droit et de la gouvernance démocratique », défend ledit organisme.

 

Professionnalisation de la police

Il faudra, particulièrement, équiper la police nationale de matériels et de technologies nécessaires pour faire face à la nouvelle configuration des gangs ; former des unités antigangs et renforcer les unités de maintien d’ordre existantes ; faire le vetting pour épurer l’institution policière ; avoir l’effectif répondant aux standards de sécurité internationale. En ce sens, il faut que le mandat de la force multinationale soit clairement défini avec un échéancier aussi. Parallèlement à cela, il faut des mesures pour aborder les causes structurelles de l’insécurité en Haïti.

De l'avis du coordonnateur général du Sant Karl Levêque, Jean-Gardy Maisonneuve, aucune mission étrangère ne viendra solutionner les problèmes auxquels nous faisons face aujourd’hui. Une mission multinationale pourrait apporter une solution de façade, mais rien de plus, dit-il. « Nous ne croyons pas en eux, nous ne pourrons avoir confiance en eux jusqu’à preuve du contraire. Nous croyons dans l'autodétermination. Il revient à la population de prendre son destin en main pour sauver la patrie », a martelé M. Maisonneuve qui opte pour le renforcement de la Police nationale d’Haïti et les Forces armées d’Haïti.

 

 

Vladimir Predvil

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