L'impact dévastateur de l'insécurité sur les écoles privées

La présidente de l’Association professionnelle d’écoles privées, Marie Marguerite Clérié, exprime ses préoccupations face aux conséquences graves de la crise multidimensionnelle, en particulier l'insécurité sur le secteur éducatif.

Le pays traverse depuis quelques années une série de crises exacerbées par une spirale de violence infernale, ayant de lourdes répercussions sur tous les secteurs du pays, notamment le secteur éducatif. Ainsi, des milliers d'enfants ont été privés de leur droit à l'éducation soit en raison des déplacés qui sont logés dans les locaux des établissements scolaires, soit en raison de l'impossibilité rencontrée par les élèves pour se rendre en salle de classe.

Marie Marguerite Clérié, directrice d'école, a exprimé son ras-le-bol face à cette situation de crise accablante, qui devient de plus en plus pesante d'année en année et qui provoque à répétition la fermeture des écoles. « Tout comme les autres sphères, le secteur éducatif est vraiment éprouvé, les acteurs concernés sont fatigués mentalement de cette crise. Nous n'arrivons pas à comprendre ce désir de destruction, d'effacer la mémoire, de détruire nos patrimoines, nos lieux de culte et de savoir », se désole-t-elle.

De plus, l'éducatrice déplore ce contexte de troubles qui affecte toutes les composantes du secteur : les parents, les élèves, les professeurs, notamment les directeurs qui, en plus d'être touchés économiquement, se doivent de garantir la sécurité des membres de leur personnel, mais aussi de manifester leur solidarité envers les parents qui éprouvent des difficultés à acquitter les frais de scolarité de leurs enfants. « Il va de soi que les conséquences sont assez profondes et graves sur le secteur éducatif », a-t-elle lancé.

Plus loin, l'enseignante s'alarme face à l'impact négatif des fermetures répétées des écoles sur la qualité de l'éducation, en provoquant une baisse de la capacité d'apprentissage, de la motivation, de la concentration et du désintérêt chez les apprenants qui sont privés de la routine. « L'incertitude de ne pas savoir si l'on va pouvoir aller à l'école casse la planification », dit-elle. Ajoutant que le nombre de jours de classe perdus durant ces quatre dernières années équivaut à une année de classe perdue.

La syndicaliste affirme que les instituteurs sont les principales victimes de cette crise incessante, et malgré cela, ils restent attachés à leur poste en bravant quotidiennement les dangers d'enfer et de guerre, même avec des salaires insignifiants et des retards de paiement. « Ces derniers, en temps de trouble, ont du mal à assurer même les besoins primaires de leur famille. N'en parlons pas de certains parents qui ont dû payer quatre frais de scolarité à quatre écoles différentes, en raison de l'insécurité qui les contraint à fuir à chaque instant », souligne-t-elle.

Mme Clérié indique que la situation est intenable et inacceptable, avec plus de trois quarts des établissements scolaires situés au centre-ville de Port-au-Prince ne fonctionnant pas et ne sachant pas quand ils pourront de nouveau accueillir les apprenants. « Les écoles sont décapitalisées et ont perdu la moitié de leur effectif, bon nombre projettent de ne pas rouvrir leurs portes pour l'année académique 2024-2025 », annonce-t-elle. Ainsi, elle lance un appel pressant et urgent au conseil présidentiel de transition afin de donner le ton et de faciliter le retour à la vie.

 

Sheelove Semexant

 

 

 

 

 

 

 

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