République dominicaine : les Haïtiens en difficulté, des parents séparés de leurs enfants

Le nombre de migrants haïtiens en situation irrégulière en République dominicaine a augmenté au cours de ces dernières semaines en raison des difficultés rencontrées pour se rendre à la frontière haïtiano-dominicaine et mettre à jour leurs documents de voyage, selon le Groupe d'Appui aux Rapatriés et Réfugiés GARR.

Depuis la décision du gouvernement dominicain de fermer toutes ses frontières avec Haïti en représailles à la construction d'un canal d'irrigation à Ouanaminthe, les activités migratoires entre les deux pays ne cessent d'augmenter. Les migrants haïtiens, quel que soit leur statut, sont pourchassés et traqués dans les rues, même ceux qui sont restés cloîtrés chez eux ne sont pas exempts.

Par conséquent, les migrants haïtiens qui séjournent en terre voisine de manière légale n'arrivent pas à rejoindre la frontière pour renouveler leurs permis de séjour. Et les autorités dominicaines ne tiennent pas compte de leur situation, constamment les policiers dominicains sont à leur trousse. Ceux qui ne veulent pas être attrapés pour ensuite être déportés sont obligés de rester enfermés à l'intérieur de leurs maisons. « D'ici le 15 de ce mois, tous les Haïtiens seront en situation irrégulière en République dominicaine parce qu'ils ne peuvent pas renouveler leurs permis de séjour », a prévenu Sam Guillaume, responsable de la communication et du plaidoyer de GARR.

Certains de ces migrants, pour ne plus assister à la violation et à la privation de leurs droits, décident de rentrer au bercail. « La quantité de personnes retournées volontairement que nous avons accueillies au cours de ces derniers jours est nettement supérieure à celle qui est refoulée ou rapatriée », informe Sam Guillaume.

Cependant, le défenseur des droits des migrants souligne que certains citoyens qui tentent de revenir au pays sont interceptés à mi-chemin par des policiers dominicains, qui les enferment et les maltraitent. « Les compatriotes décident de leur plein gré de quitter le territoire voisin afin de ne plus subir le mépris et de vivre dans le mépris de leur dignité, sont interceptés, arrêtés, enfermés dans des conditions infra-humaines, et cela, même s'ils retournent dans leurs pays d'origine », a déclaré M. Guillaume.

Des Haïtiens qui résident en République dominicaine doutent de leur sort face à l'aggravation de leurs conditions de vie, surtout à cause des agents de l'ordre dominicains qui ne cessent de rentrer chez eux pour les embarquer. « Nous sommes que quatre femmes qui habitent dans l'appartement, la semaine dernière, un policier, sans demander la permission, avait franchi le seuil de chez nous, il est allé jusqu'à dans nos chambres. Nous avons appris pour Stephy Graph, nous ne voulons pas qu'il nous arrive la même chose », s'inquiète une jeune dame qui requiert l'anonymat.

De son côté, Markendy Alexandre, père de quatre enfants, critique les autorités dominicaines qui ne font que séparer des familles nucléaires. « Les soldats sont rentrés chez moi, ils nous ont embarqués, ma femme et moi, délibérément ils ont laissé nos enfants seuls à la maison. Nous leur avons supplié de nous laisser emmener nos fils, mais ils ne voulaient rien entendre. Les enfants sont restés seuls sans personne pour les nourrir et les protéger », raconte-t-il.

Un témoignage qui confirme les déclarations de Sam Guillaume, rappelant que le flux migratoire n'a cessé d'augmenter depuis novembre dernier. Il souligne que les différents rapports de l'organisation ont toujours fait état de cas de mineurs non accompagnés par un parent ou une personne responsable, ainsi que de parents rapatriés ou déportés sans leurs enfants. De plus, il note que la situation s'est détériorée depuis les tensions entre les deux voisins de l'île.

 

 

Sheelove Semexant.

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