L'année 2023 a incontestablement été l'une des plus difficiles pour Haïti, caractérisée par une détérioration de la sécurité, une inflation croissante, et des défis politiques, économiques et sociaux qui ont poussé de nombreux citoyens, professionnels de la santé, enseignants et cadres de toutes catégories à quitter le pays.
En effet, une fois de plus, la population haïtienne a tenté de subsister dans un environnement marqué par la désorientation, la fatigue, le découragement et une vulnérabilité considérable. Afin de fuir le grand banditisme, les violences sexuelles, le chômage, entre autres difficultés, les citoyens haïtiens font tout ce qui est en leur pouvoir pour émigrer vers des destinations plus clémentes. Les États-Unis, le Canada et le Mexique figurent parmi les destinations les plus recherchées et choisies par nos compatriotes haïtiens.
Pour l’année 2023, un grand nombre d’Haïtiens ont bénéficié du programme humanitaire lancé par les États-Unis depuis janvier de cette année, facilitant leur départ du pays. Selon les données de nombreux organismes internationaux, plus de 100 000 Haïtiens ont déjà migré aux États-Unis grâce à ce programme initié sous l'administration Biden.
Par ailleurs, toujours par le biais de la voie humanitaire, le 17 novembre 2023, le gouvernement canadien a lancé son programme donnant accès à la résidence permanente aux Colombiens, Haïtiens et Vénézuéliens. Aussi, dans le but de chercher un mieux-être, beaucoup de migrants haïtiens prennent des risques par voie maritime dans l'espoir de se rendre pour la plupart aux États-Unis.« D'après les statistiques officielles, environ 33 000 Haïtiens ont franchi la jungle du Darién cette année, poursuivant toujours l'objectif d'atteindre les États-Unis, ce, en dépit du programme humanitaire lancé par l’administration Biden. »,
Interrogé sur cette question, Sam Guillaume, responsable de communication du Groupe d'Appui aux Rapatriés et Réfugiés (GARR), pense que le chômage et l'insécurité demeurent les principales raisons poussant les Haïtiens à quitter leur pays particulièrement durant cette, étant donné les défis économiques et sociaux auxquels ils font face. « Malheureusement, ils n'ont pas le choix vu que le pays ne leur offre rien sur le plan économique et social. », a lancé le défenseur des droits humains.
De son point de vue, l'absence de politiques de gouvernance et de développement en Haïti décourage les jeunes à demeurer dans le pays. « De nombreux jeunes aimeraient y rester, mais le manque d'options viables les laisse sans choix. La jeunesse est négligée, avec l'absence de politiques de développement encourageantes pour les inciter à rester. », a fait savoir M. Guillaume.
De janvier à novembre 2023, le Groupe d'Appui aux Rapatriés et Réfugiés (GARR) a enregistré le retour de 492 140 migrants haïtiens en provenance de la République dominicaine. Ces retours comprennent 224 614 rapatriés, 216 030 retours spontanés, 51 496 refoulés, 8 149 femmes enceintes et 16 813 enfants non accompagnés. Le GARR a apporté son assistance à 7 764 migrants haïtiens, tout en signalant divers incidents de violence dirigés contre cette population, a tenu à informer Sam Guillaume.
Soulignons également qu’au cours de l'année fiscale 2022-2023, l'Office national de la migration (ONM) dit avoir accueilli un total de 318 086 migrants. Parmi eux, 309 240 ont été rapatriés via quatre bureaux régionaux frontaliers à Ouanaminthe, Belladère, Anse-à-Pitres et Malpasse. De plus, 2 212 ressortissants haïtiens ont été rapatriés à l'aéroport international du Cap-Haïtien en provenance des Bahamas, des îles Turques et Caïques, de St Kitts et Nevis et de Provinciales. Il y a eu également l'interception en mer de 2 490 citoyens, la déportation de 135 Haïtiens, et le rapatriement de 4 009 migrants à l'aéroport international Toussaint Louverture de Port-au-Prince, en provenance des États-Unis, d'Amérique, du Mexique, de Cuba, de la Jamaïque et de la Turquie.
Vladimir Predvil
