Le Service Jésuite pour les Migrants (SJM) tire la sonnette d’alarme face aux traitements dégradants subis par les ressortissants haïtiens en République dominicaine. Dans une note de presse publiée récemment, l’organisation dénonce des pratiques qualifiées d’inhumaines, indignes du XXIe siècle, et appelle à une mobilisation urgente pour défendre les droits fondamentaux des migrants haïtiens.
Selon le SJM, ces violations répétées atteignent un seuil critique. Le 22 avril 2025, l’Organisation Internationale pour les Migrations (OIM) rapportait l’expulsion de 416 personnes, dont 11 femmes enceintes et 16 mères allaitantes. Parmi les victimes, un enfant de 2 ans intercepté par les autorités migratoires dominicaines et un jeune homme de 29 ans, arrêté, maltraité et décédé le lendemain au Centre Médico-Social de Ouanaminthe. Des personnes en situation de vulnérabilité femmes ayant subi une césarienne, personnes handicapées figurent également parmi les expulsés.
Dans une interview téléphonique accordée à la rédaction, le Révérend Père Germain Clerveau, directeur national du SJM, a exprimé son indignation. « Les personnes sont blessées, battues, chassées des hôpitaux sans pouvoir récupérer leurs effets personnels », déplore-t-il. Pour lui, la gravité de la situation exige une réponse collective : « Il faut une mobilisation. On ne peut tolérer une telle brutalité. »
Le religieux appelle à un dialogue respectueux et constructif entre Haïti et la République dominicaine pour permettre aux migrants de regagner leur pays dans la dignité. Constatant le manque de volonté du gouvernement dominicain, il suggère la mise en place d’une « diplomatie civile », portée par les organisations de la société civile, les instances diplomatiques et la communauté internationale.
« Nous devons prendre soin de l’humanité présente en chaque personne, qu’elle soit en situation régulière ou non », insiste le Père Clerveau. Le SJM se dit prêt à dialoguer avec tous les acteurs, des deux côtés de la frontière, dans le but de construire une réponse humanitaire et politique à la hauteur de la crise actuelle.
L’organisation réaffirme son engagement à défendre les droits, la dignité et la vie des migrants haïtiens, et promet de continuer à dénoncer, avec rigueur, toute forme de violence, d'oppression ou de discrimination.
Sorah Schamma Joseph