Le Ministère à la Condition féminine et aux Droits des femmes (MCFDF) a organisé, ce jeudi 4 décembre 2025, une assise départementale dans l’Ouest 1 portant sur la participation politique des femmes et les violences électorales. L’activité s’est déroulée en présence de la ministre du MCFDF, de Gracien Jean, ministre chargé des Affaires électorales, de la représentante des femmes au Conseil électoral provisoire (CEP), de la représentante d’ONU Femmes en Haïti ainsi que de nombreuses personnalités du secteur.
Des dizaines de représentantes d’organisations féminines et féministes ont pris part à cette initiative, conçue pour renforcer les capacités des femmes et les sensibiliser à l’importance de participer activement aux prochaines élections.
Dans son intervention, la ministre du MCFDF, Pedrica Saint-Jean, a souligné que ces assises se tiennent à un moment crucial de la transition politique, marqué par les efforts du Conseil présidentiel de transition (CPT) et du gouvernement pour stabiliser le pays, rétablir l’autorité de l’État et permettre le retour à l’ordre constitutionnel. « La participation politique des femmes est une nécessité absolue pour la refondation démocratique », a-t-elle affirmé, estimant que les femmes doivent pleinement occuper leur place dans les processus décisionnels.
Elle a précisé que cet atelier constitue la première étape d’un processus national ambitieux visant à dresser un diagnostic clair de la participation politique des femmes dans le département de l’Ouest, identifier les obstacles, documenter les formes de violence électorale basées sur le genre, formuler des recommandations et mobiliser les acteurs locaux autour d’une démarche de transformation politique.
« Ces assises sont un espace de dialogue entre femmes, jeunes, associations, communautés locales et autorités pour nourrir des politiques publiques plus inclusives et plus sécurisées. Sans la participation des femmes, il n’y a ni démocratie ni élections crédibles », a déclaré la ministre.
Elle a rappelé que de nombreuses militantes sont menacées, que les partis politiques restent largement masculinisés, que la parole publique des femmes est marginalisée et que la violence électorale continue d’être utilisée pour les exclure. L’objectif des assises est donc de restaurer la confiance des femmes dans les processus politiques.
Ces activités seront organisées dans plusieurs départements du pays. Les participantes travailleront avec les autorités locales afin que chaque voix soit entendue et que les réalités du terrain soient prises en compte. À l’issue du processus, un rapport départemental, une cartographie des violences électorales, une liste de recommandations concrètes, une synthèse de bonnes pratiques et une base de données qualitative et quantitative seront présentés.
De son côté, Yves Marie Édouard, conseillère électorale et représentante des femmes au CEP, a réaffirmé que la démocratie ne saurait être complète sans la voix, la présence et le leadership des femmes. Elle a insisté sur les obstacles encore persistants , discriminations socioculturelles, précarité économique, dépendance financière, faible soutien institutionnel et violences politiques ciblées.
Face à cette réalité, elle a assuré que le CEP entend réduire la violence électorale et garantir que les prochaines élections se déroulent dans le respect, la sécurité et la dignité pour toutes et tous. Le projet de décret électoral 2025 prévoit notamment l’obligation pour les partis politiques de respecter pleinement les quotas, ainsi que des mesures d’encouragement financier pour promouvoir les candidatures féminines.
La représentante d’ONU Femmes en Haïti, Marie Goretti Nduwayo, a pour sa part insisté sur la nécessité d’inclure les femmes à chaque étape du processus électoral. Elle a évoqué les obstacles persistants, tels que les barrières culturelles, politiques et économiques, ainsi que la violence ciblée contre les femmes candidates. Elle a plaidé pour un renforcement des mécanismes de protection, l’accès à la formation, la sensibilisation sur l’importance de la représentation féminine et l’application effective du quota d’au moins 30 % dans les espaces décisionnels.
« Je salue le courage et la détermination des femmes haïtiennes. Grâce à vous et à l’engagement des institutions, un avenir plus juste et plus inclusif est possible pour Haïti », a conclu Mme Nduwayo.
Rappelons que le Conseil présidentiel de transition a adopté le nouveau décret électoral provisoire et que le CEP a récemment lancé plusieurs initiatives visant à renforcer la participation des femmes dans le processus électoral.
Yasmine Sanon
