Le collectif Défenseurs Plus, en partenariat avec le Haut-Commissariat des Droits de l’Homme en Haïti (HCDH), a organisé ce mardi 9 décembre 2025 à Pétion-Ville une journée d’activités et de spectacles à l’occasion de la 77ᵉ célébration de la Journée de la Déclaration universelle des droits de l’homme, ainsi que des 16 jours d’activisme contre la violence faite aux femmes et aux filles, célébrés cette année sous le thème : « Internet sans violence : luttons contre toute forme de violence à l’égard des femmes et des filles ».
Divers intervenants issus de différents domaines liés à la défense des droits humains ont pris la parole sur des sujets variés. Étaient également présents des représentants de plusieurs organisations et structures œuvrant pour le respect des droits humains.
Lors de son intervention, M. Ulrick Tintin, responsable des affaires juridiques de Défenseurs Plus, a déclaré que la structure célébrait la Journée internationale des droits humains dans un contexte national marqué par des crises multiformes. Il constate que la situation des droits humains en Haïti se dégrade, notamment avec la recrudescence de la crise sécuritaire dans la zone métropolitaine de Port-au-Prince, où les cas de kidnappings se multiplient, les violences numériques touchent particulièrement les jeunes filles et l’effondrement du système de protection sociale et juridique persiste.
« Les citoyens vivent dans la peur, dans des conditions précaires. Tous ces éléments révèlent la gravité de la crise actuelle des droits humains en Haïti. Face à cette situation, il est urgent d’apporter des réponses collectives basées sur des stratégies solides », a-t-il ajouté.
L’activité visait à alerter l’opinion publique et les autorités sur l’ampleur de cette crise, dans un pays où les droits humains ne sont ni respectés, ni protégés, ni garantis par les autorités.
Le collectif a également attiré l’attention sur l’espace numérique, devenu un terrain de crimes ciblés contre les jeunes filles dans un vide juridique quasi total. L’impunité empêche les victimes de porter plainte ou de témoigner, tandis que les agresseurs restent impunis, face à un silence quasi total de l’État.
Par ailleurs, Défenseurs Plus a salué le courage des défenseurs et défenseuses des droits humains, qui continuent de lutter chaque jour pour les droits fondamentaux malgré les menaces. L’organisation rappelle que leur protection doit être une priorité nationale, car ils sont les piliers de la lutte contre la violence, les abus, l’injustice et pour le respect de la démocratie.
Le Dr Arnaud Royer, représentant du HCDH, a affirmé que de nombreuses crises secouent le monde et que Haïti en fait partie, attirant ainsi l’attention de la communauté internationale. Il a rappelé que leur rôle consiste à analyser ces crises, suivre l’évolution de la violence, identifier ses auteurs et soutenir les institutions locales.
Il a mentionné la création des pôles judiciaires spécialisés, mis en place en avril dernier et dirigés par des magistrats haïtiens, chargés de traiter les crimes financiers, les crimes de masse et les violences sexuelles, avec un soutien technique, financier et logistique du HCDH.
De plus, le HCDH collabore avec la Police Nationale d’Haïti, notamment l’IGPNH, pour surveiller les actions policières, et accompagne tous les commissariats du pays afin d’accueillir les victimes dans les meilleures conditions.
« Nous savons que les victimes ont souvent peur de se rendre dans les postes de police ou de porter plainte. Notre mission est donc d’aider la police à se rapprocher des communautés, notamment dans des zones comme Delmas 33, Tabarre ou Pétion-Ville », a précisé Dr Royer.
Yasmine Sanon
