La chimie de l’amour

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Les gens habités par l’intense passion de l’amour naissant disent souvent qu’ils se sentent transportés ou qu’ils éprouvent  une sorte d’euphorie ou d’ivresse ( Alberoni, 1998). Selon les chercheurs micheal Liebowitz, auteur de la chimie de l’amour (1984), et Anthony Walsh, auteur de The Science of Love : Understanding Love and Its Effets on Mind and Body (1991), ce genre de réactions pourrait bien s’expliquer, du moins en partie, par la chimie du cerveau. L’exultation première et l’énergisante pousse d’excitation, de vertige et d’euphorie caractéristiques de l’amour passionnel résulteraient ainsi de l’élévation brusque du niveau de trois substances chimiques du cerveau. Ces neurotransmetters, qui comprennent la noradrénaline, la dopamine et surtout la phényléthylamine (PÉA), sont chimiquement similaires aux amphétamines, et ils ont le même genre d’effet, tels que l’euphorie, le plaisir grisant et l’allégresse. Comme le fait remarquer walsh : «  Quand nous rencontrons quelqu’un qui nous attire, la sirène mugit dans l’usine de PÉA » ( 1993,p.50). Toutefois, l’euphorie amoureuse ne dure généralement pas – peut en partie parce que le corps finit par développer une tolérance à la PÉA et aux neurotransmetteurs qui y sont associés, comme il le fait avec les amphétamines. Il est probable qu’avec le temps le cerveau est moins en moins capable de satisfaire à la demande toujours accrue de PÉA. Ainsi, l’euphorie que nous ressentons au début d’une relation se met à diminuer, puis disparait complètement. Voilà ce qui explique biologiquement, de façon plausible, pourquoi l’amour passionnel est de courte durée.

 

Les amphétamines

 

Liebowitz établit un autre parallèle avec les amphétamines. Il fait remarquer que l’anxiété, le désespoir et la douleur qui suivent la perte – ou même l’idée de la perte – d’une relation d’amour passionnel s’apparentent à ce qu’éprouve, durant le sevrage, une personne dépendante des amphétamines. Dans les deux cas, la suppression de substances chimiques euphorisantes peut provoquer une longue période de peine.

Y aurait-il dans le cerveau d’autres substances chimiques permettant d’expliquer pourquoi certaines relations durent après l’euphorie de l’amour passionnel ? Selon Walsh et Liebowitz, la réponse est oui. Il se pourrait en effet que la progression qui va du choc amoureux à l’attachement solide propre aux longues relations amoureuses satisfaisantes tienne à l’augmentation graduelle de la production par le cerveau d’un autre ensemble de neurotransmetteurs. Appelées endorphines, ces substances chimiques, qui s’apparentent à la morphine, sont des inhibiteurs de stress qui procurent un sentiment de sécurité, de tranquillité et de paix. Ce serait là une des raisons pour lesquelles les amants abandonnés sont si malheureux une fois privés de leur dose quotidienne de bien-être et de sécurité. Les chercheurs ne savent toutefois pas pourquoi ces substances ne sont pas produites par toutes les personnes formant des couples. Il est probable que la production d’endorphines est liée à des sentiments particuliers que l’on pourrait vraisemblablement associer à l’amour-amitié.

 

Le parfum et la sexualité

Nous savons que le fait d’avoir des relations sexuelles déclenche la production, par les cellules souches, de nouveaux neurones dans le bulbe olfactif, ce qui accroit notre sensibilité aux odeurs et tout particulièrement a l’odeur de notre partenaire (McCoy et Pitino, 2002) cette sensibilité accrue favoriserait la consolidation des relations dans le. Couple. On comprend mieux dans cette perspective l’importance que le parfum a pu avoir au cours des siecles .

Longtemps le parfum a été pour son rôle dans la séduction (Leguerer, 2002). Il faut dire qu’autrefois, la confection des parfums se repose sur l’utilisation des produits extraits d’animaux tels le musc, le castoréum, l’ambre gris ou la civette. Ces substances, qui rappellent fortement l’odeur du corps l’amour, ont, en plus le pouvoir de fixer le parfum durant une longue période. Les séductrices avaient, semble-t-il, l’habitude de se parfumer les mains pour imprégner leur odeur sur les vêtements de leur amant afin qu’ils ne les oublient pas. Désormais, la plupart des produits vendus en parfumerie sont synthétiques et très éphémères.

Les grandes parfumeries tentent actuellement de concocter des parfums qui nous exciteraient sexuellement. Peut-être verrons-nous bientôt apparaitre des parfums qui nous prédisposeront véritablement à l’amour, même si leur effet ne durera que quelques heures. 

 

Les hormones sont des substances chimiques produites par le corps, elles circulent dans le flux sanguin et se traduisent par une repose et une préparation physique à l’acte sexuel. En plus des hormones, on trouve les phéromones, substances chimiques fabriquées par le corps dans le but de stimuler ou d’attirer une personne du sexe oppose. La production simultanée d’hormones et de phéromones augmente quand une personne est sexuellement excitée ou amoureuse. Les trois hormones sexuellement principales sont les androgènes (la première hormone male) les œstrogènes et la progestérone (principale hormone femelle). Toutes trois existent dans les deux sexes, mais en quantités différentes. Chez les deux sexes, l’intensité de la libido dépend des niveaux des principales hormones androgènes : testostérones. Ces niveaux augmentent et diminuent au cours du cycle menstruel de la femme et oscillent également dans une certaine mesure chez l’homme. Cependant, chez un être humain doté d’un potentiel d’appétit sexuel normal, la production s’accélère rapidement sous l’effet d’un stimulus. Ces phénomènes ne jouent pas dans la sexualité humaine un aussi grand rôle que dans les phéromones d’autres espèces. En fait, de nombreuses personnes recourent même aux parfums et aux déodorants. Les Français utilisent le terme ‘Cassolette’ pour l’odeur sexuelle d’une personne et considèrent qu’elle peut être tout à fait individuelle. Certains hommes réagissent violemment à ce stimulus sans s’en rendre compte…mais, en même temps, un homme habile peut le déchiffrer, s’il est du type olfactif, et s’il connait sa femme, il peut dire quand elle est excitée. Une touche discrète de sécrétion génitale derrière l’oreille peut souvent stimuler un homme plus efficacement que n’importe quelle bouteille de parfum.

On parle à l’heure actuelle d’être allumé par quelqu’un ou quelque chose, et cette expression reconnait que des stimuli amènent des réponses physiologiques et que certains sont plus efficaces que d’autres pour augmenter la sécrétion des hormones sexuelles. L’être humain a longtemps recherche des aphrodisiaques et de nombreux ont la réputation d’amener cet effet souhaité : du champagne et des huitres au velours des bois des cerf, Le Kama Sutra, par exemple, conseille a l’homme de porter un os de hyène recouvert d’or pour augmenter son charme. En réalité, on n’a découvert aucune substance chimique ayant un effet aphrodisiaque général. Même des suppléments de testostérone n’augmenteront pas l’énergie sexuelle d’un homme normal en bonne santé, bien qu’ils soient efficaces pour des personnes dont l’énergie sexuelle a fortement diminué, par exemple, avec l’âge. Le champagne et les huîtres sont une bonne mise en train avant de faire l’amour, non pas parce qu’ils affectent la physiologie sexuelle, mais parce que le champagne peut supprimer les inhibitions et permettre pour cette raison l’expression de la libido et parce que les huîtres contiennent des protéines rapidement assimilables.

Finalement, qu’est-ce qui peut nous attirer ?

Il peut s’agir d’un parfum, d’un tissu, d’un vêtement ou de chaussures, d’une nourriture ou d’une boisson particulière, d’un morceau de musique, en fait, de tout ce qui, par association, a acquis une signification érotique. Le mécanisme d’impression peut cimenter une relation et unir les partenaires de la plupart des couples qui ont vécu suffisamment ensemble pour connaitre les stimuli efficaces. Malheureusement, l’impression peut aussi déclencher des réponses sexuelles hors du contexte ou inadaptés, par exemple, quand un homme se sent attiré par une femme parce qu’elle a un parfum ou une odeur de cheveux qu’il associe à une autre femme.

 

Mes conseils

-              Si vous n’êtes pas excitée sexuellement parce que vous n’éprouvez pas assez de désir sexuel, il faut plutôt chercher à augmenter le désir d’abord, avant de travailler à une plus grande excitation. Surtout, évitez d’opter pour une sexualité « fonctionnelle », c’est-adire d’utiliser un lubrifiant camoufler votre manque de lubrification du a un manque de désir et non des causes physiologiques !

-              Les techniques excitatoires sont propres à chacune. Rien ne vaut l’exploration pour mieux vous connaitre et savoir quelles caresses vous préférez. N’hésitez pas à voir recours à la masturbation, même si vous êtes en couple.

-              Apprenez à vous concentrer sur ce qui se passe lorsque vous faites l’amour. Les femmes ont la réputation d’être « multitâches », c’est-à-dire de pouvoir faire l’amour tout en pensant aux courses qui les attendent en fin de journée. Au lit, cela n’est pas une qualité ! plus vous serez attentive aux caresses et au plaisir  qu’elles procurent, plus vous serez en mesure de les apprécier.

-              La sexualité n’est pas un marathon ! vous n’avez  rien à prouver. Cessez de vouloir performer et soyez plutôt dans l’échange avec le partenaire. N’oubliez pas que le plaisir, ça se donne et ça se reçoit.

 

Jonas ALCE, Conseiller Conjugal, Familial, Expert en Relation de Couples et (organisation des séminaires pour l’amélioration des mariages). E-mail : jonasalce@gmail.com

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