Normes sociales et diversité sexuelle

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Afin d’illustrer la diversité des attitudes, des comportements et des relations en matière de sexualité, nous examinerons brièvement trois sociétés, celle de la Chine, du Moyen-Orient musulman et de la Suède.

La Chine

Bien que la Chine possède traditionnellement un art et une littérature érotiques très riches, au cours du règne communiste, qui débuta en 1949, le gouvernement a délibérément éliminé les comportements sexuels « décadents » qu’il associait à l’Occident (Ruan, 1998). La pornographie fut déclarée illégale et l’armée ferma les maisons closes. Le pays élimina ainsi presque complètement les cas d’infections transmissibles sexuellement. Les relations sexuelles extraconjugales furent dénoncées comme une déviation « bourgeoise » et les relations sexuelles plus fréquentes qu’une fois par semaine furent considérées comme une perte d’énergie contre-productive ( Wehrfritz), 1996).

Il n’y a pas de cours d’éducation sexuelle en Chine, et l’ignorance des choses sexuelles est telle qu’un bon nombre d’hommes ne savent pas que les femmes ont un clitoris. De même, peu de femmes connaissent peu de femmes connaissent leur cycle menstruel et le nombre de personnes qui ont accès à des moyens contraceptifs et les utilisent adéquatement est peu élevé. Toutefois, l’avortement est une pratique courante en raison de la stricte politique de natalité imposée par les autorités chinoises.

Il est vrai que la Chine est encore une société à majorité rurale. Cependant, au contact des autres cultures, des changements apparaissent dans les attitudes et le comportement sexuel des chinois. Le contenu sexuel est à la hausse dans les films, à la télévision et dans la publicité. Le taux de divorce a grimpé à 25 % dans les villes (Pappas, 1998) et il est passé, pour l’ensemble du pays, de moins de 5 % en 1981 à 12 % en 1996. Le taux des relations sexuelles préconjugales et extraconjugales est à la hausse (Cowley et Coll., 1996). Une étude a révélé que 68 % des étudiants de niveau universitaire croient qu’il est « moralement acceptable » d’avoir des relations sexuelles avant le mariage (Pappas, 1998). L’augmentation des cas de maladies transmissibles sexuellement (MTS), y compris le Sida, est très problématique : eu de médecins ont été formés pour traiter ce genre d’infections ( Chen et COll., 2000a) et les personnes atteintes du sida sont stigmatisées (Liu et Meyer, 2000). En 1998, le gouvernement chinois a promulgué de nouvelles lois afin de contrer cette tendance à la hausse des MTS. Il est désormais obligatoire de respecter une période d’attente avant le mariage (et donc, avant les relations sexuelles), afin de vérifier que le futur conjoint n’est pas porteur d’une maladie transmissible sexuellement. De nouvelles lois contre l’adultère ont été votées et le mariage des personnes atteintes du sida ou d’autres infections transmissibles sexuellement est désormais interdit (Pappas, 1998).

 

Le Moyen-Orient musulman

L’islam, la religion qui se répand le plus rapidement dans le monde, est prédominantes au Moyen-Orient. Ses fidèles, appelés musulmans, suivent les enseignements du prophète Mahomet (vers 570-632). Mahomet croyait que la femme, tout autant que l’homme, pouvait prendre plaisir à la sexualité dans le cadre du mariage et il incitait les maris a «  faire preuve de lenteur et de retenue ». Dans l’Islam, les femmes sont considérées comme intrinsèquement sensuelles, le gendre de Mahomet ayant déclaré un jour : « Lorsque le Dieu Tout-Puissant créa le désir, il en donna neuf mesures à la femme et une à l’homme. » Certaines sectes de l’Islam considèrent que le port du voile et de vêtements couvrant le corps entier des femmes, l’excision et la ségrégation des sexes jusqu’au mariage sont nécessaires afin de contenir le pouvoir de séduction féminin (Schmetzer, 1997). Une femme cachée derrière son voile est vue comme « une perle dans son écrin » (Jehl, 1998). Dans certains pays, le port du voile est rendu obligatoire par la loi ( Power,1998).

Les mariages arrangés sont pratique courantes et une grande importance est accordée au fait d’avoir des enfants, particulièrement un héritier mâle. « Que ton sein se dessèche ! », telle est la malédiction divine adressée à la femme sans enfant. Les relations sexuellement en dehors du mariage représentent un délit passible de peine sévère. La tradition encourage ces « crimes d’honneur » commis pour châtier les femmes coupables d’adultère, celles-ci étant souvent lapidées ou brûlées vives. Sous les régimes intégristes, les homosexuels subissent le même sort.

 

La Suède

Depuis des décennies, le législateur et les services de santé publique de la Suède ont agi de façon très concrète pour favoriser une attitude ouverte à l’ égard de la sexualité et promouvoir l’Egalite de l’homme et de la femme dans la vie familiale. Dès les années 30, des services de planification familiale étaient offerts par le gouvernement, et l’éducation sexuelle devint une matière obligatoire à l’école en 1954. En même temps qu’il légalisa l’avortement en 1974, le gouvernement offrit l’accès gratuit a des services de contraception et a des cours d’éducation sexuelle dans le but de prévenir les grossesses non désirées. Le taux de grossesse chez les adolescentes a alors connu une chute prodigieuse et est encore l’un des plus bas au monde malgré le nombre élevé de jeunes qui s’engagent dans des relations sexuelles. Dès les années 60, l’union de fait était entrée dans les mœurs. Le droit de la famille suédois favorise le partage équitable des responsabilités parentales. Le gouvernement offre aux pères des ateliers d’initiation à la paternité et aux deux parents des congés parentaux  de longue durée (Institut suédois, 1997).

 

Il importe de souligner que toutes les familles avec des enfants en Suède reçoivent des allocations parentales. Les allocations de logement sont données aux personnes qui ont des revenus bas et des loyers élevés. Les allocations de soins sont accordées aux personnes qui ont des enfants qui ont des déficiences. Si vous êtes divorcé et que vos enfants ne vivent que chez vous, l'autre parent doit vous payer une créance alimentaire. Cette créance doit payer une partie des charges de l'enfant. Si l'autre parent ne vous paye pas ou que ses revenus sont très bas, vous pourrez au lieu de cela demander des subventions à la Caisse de sécurité sociale. On appelle cela « une pension alimentaire ».

À bien des égards, le Québec ressemble à la Suède en ce qui concerne les attitudes face à la sexualité, comme nous le verrons dans d’autres articles la semaine prochaine. Toutefois, le Québec n’accorde pas la même importance à la famille ni à la répartition équitable des responsabilités conjugales.

 

‘’Oser la création d’une vie à deux !’’

Jonas ALCE, Conseiller Conjugal, Familial, Expert en Relation de Couples et (organisation des séminaires pour l’amélioration des mariages). E-mail : jonasalce22@gmail.com

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