Dans l’un de nos articles précédents, nous avons dit que les personnes dites « bisexuelles » sont celles qui ont des relations homosexuelles et hétérosexuelles. Parfois, le comportement bisexuel ne dure que le temps d’une aventure de jeunesse. Mais il est des cas ou la bisexualité d’une personne se révèle plus tard dans la vie, lorsqu’elle est déjà engagée dans une relation hétérosexuelle stable.
On discute aujourd’hui plus facilement du sujet de l’homosexualité. Être un homosexuel, c’est être attiré par quelqu’un du même sexe que soi, par opposition à l’hétérosexualité qui est un attrait entre un homme et une femme. De nos jours, on s’accorde de plus en plus à reconnaitre que l’homosexualité est un phénomène répandu qui devrait à la fois être compris et accepte dans notre société. On discute souvent, cependant, du sujet de la bisexualité.
Or, la libération des mœurs et des attitudes face à l’homosexualité permet aujourd’hui aux personnes bisexuelles, c’est-à-dire attirées sexuellement par leur propre sexe autant que l’autre, d’explorer cette facette de leur personnalité. Cette exploration peut s’avérer une expérience très positive, mais pour le partenaire hétérosexuel, elle peut être très pénible. Elle peut même causer un tort irréparable a la relation hétérosexuelle, surtout si la tendance bisexuelle est longtemps demeurée cachée ou secrète.
Accepter l’homosexualité ?
Il sera plus facile de comprendre l’homosexualité et la bisexualité si l’on se rappelle qu’au début de l’adolescence, presque tous éprouvent une plus grande amitié pour des amis du même sexe que pour des amis de sexe opposé. Les garçons fuient les filles et se tiennent en groupes jusqu’à ce qu’une amitié particulière se développe entre deux ou plusieurs garçons qui partagent gouts, intérêts et secrets. Les filles ignorent les garçons et se lient d’amitié entre elles, formant des petits groupes de deux ou trois amies très intimes.
Cette étape tout à fait normale du développement des adolescents peut même comporter certaines expressions sexuelles : certains hommes racontent qu’ils comparaient la grosseur de leur pénis, d’autres se sont masturbés mutuellement. Beaucoup de filles ont vécu des expériences semblables, ne fut-ce que de se serrer très près de leur meilleure amie au cours d’une nuit passée ensemble.
À ce stade assez précoce de sa vie, le jeune ne voit rien de répréhensible dans les grandes amitiés qu’il entretient. Pourtant, il apprendra très rapidement que les adultes ne le voient pas du même œil. Un conditionnement social très puissant enseigne aux jeunes qu’ils doivent rejeter toute expérience sexuelle avec des amis intimes du même sexe et rechercher plutôt des expériences hétérosexuelles. Ainsi, le penchant homosexuel (ou « gai » comme on le nomme souvent de nos jours) de la jeune personne est réprimé dès qu’il se manifeste.
Quelques adolescents tiendront tête aux pressions familiales et sociales et affirmeront leurs préférences à la fois émotives et sexuelles pour des personnes de leur propre sexe. Cependant, la majorité n’adoptera irrévocablement un comportement homosexuel qu’après avoir raté plusieurs expériences hétérosexuelles. D’ailleurs, les homosexuels ne découvrent habituellement leur identité sexuelle qu’après un pénible cheminement qui leur demande souvent beaucoup de courage.
Promiscuité et bisexualité
Pour certains jeunes, la fin de l’adolescence et le début de l’âge adulte constituent une période privilégiée d’expériences sexuelles, parce qu’ils se sentent totalement libérés des interdits d’ordre familial ou social qui jalonnaient leur adolescence. Ceux et celles qui ne s’engagent pas immédiatement dans une relation stable ont parfois tendance à multiplier les expériences sexuelles avec des partenaires d’occasion.
Ce mode d’expression et de satisfaction des besoins sexuels comporte des avantages et des inconvénients. Il permet aux jeunes d’explorer leurs préférences sexuelles, chaque nouveau partenaire permettant la découverte de nouvelles variantes de l’art d’aimer. À leur contact, le jeune homme et la jeune femme apprennent à connaitre ce qu’ils veulent, ce qu’ils aiment et ce qu’ils n’aiment pas. Au hasard des rencontrent, des relations homosexuelles peuvent se mêler aux relations hétérosexuelles. Si l’expérience est satisfaisante, ces jeunes peuvent devenir bisexuels.
Par ailleurs, les jeunes qui butinent ainsi expérience en expérience, n’étant pas liés affectivement à l’un de leurs partenaires, ont la possibilité de poursuivre ou d’interrompre à leur gré toute relation. Mais un tel mode de vie sexuelle est parsemé d’embuches : certains développent un sentiment très aigu et poignant de vide sentimental, leurs besoins d’amitié et d’affection étant plus considérables que le niveau de leur désir sexuel. D’autres font l’expérience des maladies transmises sexuellement, ce qui a toujours pour effet de modérer, du moins temporairement, les pulsions sexuelles. Enfin, il arrive que la multiplication des expériences strictement hétérosexuelles constitue pour certains jeunes une suite ininterrompue d’échecs. Pour les jeunes femmes c’est souvent l’incapacité d’arriver l’orgasme auprès des partenaires plus soucieux m de satisfaire leurs besoins de pénétration-éjaculation que de participer au plaisir de leur compagne d’occasion. Pour les jeunes hommes, ce peut être un problème d’éjaculation rapide, des difficultés d’érection, et un stress très vif face à la pression sociale de la performance. Ces facteurs, et d’autres du même ordre peuvent concourir à rendre une relation homosexuelle attrayante.
Dans bien des cas, les expériences homosexuelles seront fructueuses. Certains jeunes cesseront alors complètement d’avoir des relations hétérosexuelles. D’autres deviendront bisexuels, du moins pour un certain temps. L’expérience homosexuelle leur aura en effet fourni les clés du plaisir corporel et émotif, un plaisir qu’ils sauront par la suite retrouver tout autant dans des relations hétérosexuelles.
Bisexualité et mariage
Certains « gais » se servent de l’hétérosexualité pour cacher leur homosexualité. Ils se sont engagés, pour se conformer au modèle social, dans une vie hétérosexuelle. Puis, un jour, ils prennent enfin conscience de leur véritable tendance homosexuelle et l’acceptent difficilement. Certaines personnes bisexuelles désirent pourtant les deux sortes de relations et se sentiraient frustrées si l’une ou l’autre était refusée.
La découverte qu’un partenaire est bisexuel fera chavirer la barque du mariage. Souvent pourtant, le couple essayera de trouver une solution aussi rationnelle que possible.
Anne Marine et Emmanuel étaient mariés depuis 15 ans, qu’il avait des tendances homosexuelles très prononcées. Mais comme il pouvait et désirait avoir des relations sexuelles avec les femmes, il ignora le côté homosexuel de sa personnalité. Comme bien d’autres, il croyait qu’en ignorant cette orientation, elle finirait par disparaitre.
Pendant un certain temps, leur mariage sembla bien aller. Leur vie sexuelle était « normale » ; ils aimaient se retrouver ensemble, faire l’amour et ils eurent des enfants. Pourtant, après un certain temps, les choses changèrent. Ils discutèrent et d’un commun accord décidèrent de chercher par-delà leur vie commune des satisfactions et des amitiés nouvelles.
Marine se sentit de nouveau heureuse et Emmanuel rechercha ce qu’il désirait vraiment vivre. Le côté « gai » de sa personnalité n’était pas disparu et il voulait vivre cette autre façon d’être sans pour autant de laisser ; l’amour qu’il éprouvait toujours pour sa femme et ses enfants.
Évidemment, tout ceci est beaucoup plus facile à dire qu’à vivre ! Il faut un certain courage pour s’avouer à soi-même qu’on désire à la fois des relations sexuelles avec des personnes du sexe opposé et avec celles de son propre sexe. Plusieurs « gais » n’arrivent à cet aveu que tard dans leur vie, mais il n’est jamais trop tard, surtout s’ils ont réussi à établir une relation franche et confiante avec leur partenaire hétérosexuel. Si le couple dialogue facilement, il lui sera d’autant plus facile d’aborder le thème de l’homosexualité.
‘’Oser la création d’une vie à deux !’’
Jonas ALCE
Conseiller Conjugal, Familial, Expert en Relation de Couples et (organisation des séminaires pour l’amélioration des mariages). E-mail : jonasalce22@gmail.com
