L’exploitation sexuelle dans le monde

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Les débats sur la prostitution continuent à faire rage avec la même ardeur depuis plus d’un siècle. Mais, si le commerce du sexe était autrefois une affaire plus dissimulée ou du moins discrète, aujourd’hui, personne ne peut ignorer tout le battage de réclames dont le sexe fait l’objet. Nous vivons, on l’a dit, dans une culture de la pornographie. Durant ces dernières décennies et avec l’explosion, à l’échelle mondiale, d’industries basées sur la production, la vente et la consommation du sexe incarné en premier lieu dans le corps des femmes, il devient d’autant plus urgent de comprendre l’étendue et les multiples formes de la marchandisation du sexe dans la pornographie, les « divertissements sexuels » et la prostitution.

 

La prostitution

La prostitution consiste à offrir des services sexuels en échange d’argent. Ce genre de sollicitation est illégal dans de nombreux pays. Quand on pense à la prostitution, on imagine généralement une femme vendant des services à un homme, bien que les transactions entre deux hommes  soient aussi très courantes. Il est plus rare qu’une femme paie pour les services sexuels d’un homme.  Les danseuses et danseurs nus, les travailleuses et travailleurs du sexe par téléphone ou dans Internet et les figurantes et figurants des vidéos pour adultes font aussi partie de l’industrie du sexe.

Mais les relations dans lesquelles le rapport sexuel est une monnaie d’échange ne se sont pas limitées à la prostitution proprement dite. Les femmes échangent leurs faveurs sexuelles contre des ressources financières de nombreuses façons. Certains prétendent que c’est ce que fait la femme qui épouse un homme qui pourvoit a ses besoins plutôt que l’élu de son cœur, ou celle qui étouffe son désir de divorcer pour des raisons financières (Ridgeway, 1996).

 

Histoire de la prostitution

La prostitution remonte à la nuit des temps. Selon les sociétés et les époques, «  le plus vieux métier du monde » a eu des fonctions et connu des statuts divers. Dans la Grèce antique, la prostitution était  tolérée et, à certains moments, les hétaïres, des prostituées du haut rang, étaient même recherchées pour leur intellect, leur conversation brillante et leur savoir-faire sexuel, un peu à la manière des geishas. La prostitution faisait partie des rites religieux de certaines autres sociétés de l’Antiquité. Considérés comme des actes sacrés, les rapports sexuels entre les prostituées et les hommes avaient souvent lieu dans les temples ; dans certaines cultures, l’homme agissait alors comme un représentant de la divinité. Dans l’Europe médiévale, la prostitution était tolérée et elle avait cours dans les bains publics. L’Angleterre victorienne y voyait  un exutoire scandaleux, mais socialement et sexuellement nécessaire. On jugeait en effet préférable qu’un bourgeois ait des rapports sexuels avec une prostituée plutôt qu’avec la femme ou la fille d’un de ses pairs (Taylor, 1970).

Il importe de souligner que l’internet est en train de révolutionner le commerce du sexe et de modifier l’exercice de la prostitution, surtout celle dite de luxe. Les sites Web spécialisés offrent désormais les services d’« hôtesses » physiquement et intellectuellement rompues à de nombreuses spécialités sexuelles (bondage, sadomasochisme, réalisation de fantasmes).  Comme elle négocie directement par courriel avec ses clients, la prostituée peut se passer d’un souteneur et d’un bordel, et conserver la totalité de ses revenus. Les procès pour cyberprostitution sont rares, car la preuve est difficile à établir.

 

Les prostituées et leurs clients

Ce qu’il faut savoir est que s’il y a des prostituées c’est qu’il y a aussi une demande pour leurs services. Les clients des femmes qui se prostituent sont généralement des quinquagénaires de classe moyenne, blancs et mariés. Les résultats d’une étude menée auprès d’hommes ayant des rapports avec des prostituées indiquent  que 93% d’entre eux les fréquentent au moins une fois par mois (Freund et coll., 1991). Comme ils trouvent auprès des prostituées un contact ou un exutoire sexuel n’exigeant ni intimité ni engagement de leur part, les clients ne risquent pas le rejet et peuvent s’essayer à des techniques sexuelles auxquelles ils ne se  livraient pas en compagnie de leur partenaire habituelle.

Mais pourquoi se prostitue-t-on ? Bien que le facteur économique soit généralement le premier motif, on y est vraisemblablement poussé par un ensemble de facteurs psychologiques, sociaux, environnementaux et économiques (McElroy, 1995).

Il y a des prostituées à temps partiel qui poursuivent leurs études, ont un emploi conventionnel ou mènent une vie sociale normale. Il peut s’agir autant de décrocheurs, de fugueurs que d’adultes instruits. « Les individus qui se prostituent ont un passé, des aspirations et des conditions de vie extrêmement divers » (Zaldurado, 1991, p. 241). Ceux qui le font à l’occasion pendant un temps limité et qui ont d’autres qualifications professionnelles peuvent plus aisément quitter le métier. Nombre de ces hommes et femmes ne se considèrent pas comme prostitués ou des « professionnels ». Les prostitués à temps plein, qui rejettent les valeurs traditionnelles et s’identifient à leur sous-culture (l’arrestation favorise cette identification), sont généralement peu instruits et peu qualifiés. Redoutant les ennuis avec la justice, les problèmes de santé et les blessures corporelles, ces personnes sont conscientes que ce travail met en danger leur santé et leur sécurité, ce qui est aussi le cas de celles qui font du strip-tease ou qui dansent nues (Lane, 2000).

 

La prostitution juvénile

La plupart des adolescents qui se prostituent proviennent de foyers instables, affligés de nombreux problèmes  ( McCaghy et Hou, 1994). Environ 95% d’entre eux ont été abandonnés ou mis à la porte par leur famille ( Rio, 1991). Ils ne réussissaient pas bien en classe ; ils ont une piètre image d’eux-mêmes et une faible estime de soi. Plus de 80% des filles et 60% des garçons qui se prostituent ont fait une tentative de suicide ou ont songé sérieusement à mettre fin à leurs jours. Deux constantes se dégagent d’une étude sur les jeunes prostitués masculins : à la maison, ils avaient une vie familiale peu structurée et étaient laissés à eux-mêmes ; et à l’école, ils se sentaient rejetés par leurs pairs et avaient peu d’amis (Price et coll., 1984).

Certains jeunes se prostituent dans l’espoir de s’attirer l’affection et la tendresse d’un adulte ; ils croient au début que la prostitution leur apportera une vie extraordinaire et pleine d’aventures. Bien entendu, la réalité est tout autre et ils doivent bientôt se prémunir  contre les terribles dangers, dont celui de contracter le VIH, par contact sexuel ou en partageant une seringue contaminée (beaucoup de jeunes prostitués s’injectent des drogues). Les jeunes qui se prostituent souffrent souvent des

 

Troubles affectifs et sont mal adaptés à la vie. Beaucoup se perçoivent comme des objets à vendre. Ils ont fréquemment des problèmes d’emploi, car leur passé les poursuit et ils n’arrivent pas à fonctionner avec les basses rémunérations des emplois réguliers qu’ils peuvent obtenir. Ils ont de la difficulté à nouer des relations significatives et peuvent aisément basculer dans la criminalité ( Franzen, 2001).

 

PS:  La prostitution: au féminin et au masculin fera l’objet d’un autre article dans le prochain numéro.

 

À très vite!

’Oser la création d’une vie à deux !’’

Jonas ALCE, Conseiller conjugal, familial, expert en Relation de Couples et (organisation des séminaires pour l’amélioration des mariages). E-mail : jonasalce22@gmail.com

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