Haïti : Entre l’enclume et le marteau

Tandis que l’insécurité se dresse en vecteur directeur pour nourrir la fuite massive de cerveaux et de capitaux, aucun pays ne saurait emprunter la trajectoire de la modernité en dehors d’investissements substantiels et de la mobilisation d’un capital humain compétitif. Tout porte à croire que l’alliance malsaine CoreGroup-PHTK a fini par accoucher un projet d’échec et mat contre la république historique. En 2011, Haïti a vécu une immixtion flagrante du Canada et des USA dans les fraudes électorales pour imposer des dirigeants crapules à ses sphères stratégiques. Comme pour planter le dernier clou dans le cercueil, à la suite de la catastrophe politique post-sismique, une multitude d’armes lourdes en provenance des USA ont été graduellement distribuées aux jeunes des zones les plus vulnérables. Récemment, cette méthode machiavélique qui vise la destruction de la Première république noire du monde a été orchestrée à une vitesse vertigineuse. Les trafics d’armes et de munitions s’opèrent de manière exponentielle. Les portes de l’école sont fermées ; les services de santé sont paralysés, la faim ravage la société. Pourtant, obtenir une mitraillette qui veut. Trop cynique ! Toutes les pièces d’un puzzle d’une guerre civile ont été perceptibles dans une volonté maléfique des amis d’Haïti qui la baisent à la Judas Iscariote. Les déclarations désastreuses du BINUH pour encenser la fédération des gangs sont la preuve d’un auto-avilissement de cette organisation traître qui prétend être en quête de paix au sein des sociétés. Heureusement, l’intelligence remarquable de ce peuple résilient a défié cette mission macabre de l’Occident perfide. C’est dans une sombre clarté que tous observent que l’Occident est le principal concepteur du tableau monstrueux qui s’y dépeint. Tabernacle ! Que le bourreau cesse de se vendre pour un sauveur, après tant de coups mortels ! L’Occident n’est pas complice, il est l’artisan principal du désastre. Encore une fois, la nation rêve d’un complot salvateur entre les enfants dignes pour foutre un coup de pied dans cette fourmilière cruelle concoctée par les pharisiens étrangers et les « idiots utiles » qui sont des traitres fils. Il faut détacher Haïti des griffes du démon.

Comme onze millions de nomades en quête d’un bonheur illusoire en des terres étrangères inadaptées à leur physionomie et leur culture, c’est en des nombres effarants que les Haïtiens déguerpissent leur terre natale vers le Chili, le Brésil, la République dominicaine, le Canada, les USA, etc. Nos compatriotes sont tourmentés en raison de la gouvernance cynique instaurée par le couple répugnant CoreGroup-PHTK. Arrivés en catastrophe à leurs destinations, ces émigrés forcés sont confrontés à de nombreux défis. En plus que leurs droits sont plus restreints que ceux des nationaux, des barrières culturelles et linguistiques amplifient leur difficulté d’adaptation.

Plat complet de misère, de désespoir et d’une honte identitaire qui se soldent en d’énormes pertes de temps, d’argent et de talents, les échecs de nos compatriotes anxieux du traitement délétère qui leur est infligé se multiplient en de factices destinations « salvatrices ». L’Occident continue de nous ridiculiser en des actions cosmétiques pour contrer cette insécurité infernale dont il est en grande partie le mastermind. Des missions d’avions et de bateaux, c’est de la foutaise. Les bandits notoires, ceux bien vêtus à cravates qui piègent le terrain en bloquant les artères entre les villes et les bidonvilles, sont des mandataires des projets chtoniens de l’Occident malveillant. Un paradigme empreint de sincérité s’impose.  Une véritable réponse à la crise haïtienne requiert l’incorporation du facteur « autodétermination » dans le modèle. Cela requiert des interlocuteurs dignes, compétents et dotés de crédit moral adéquat.  

Ce n’est certainement pas une cacophonie de « Parole humanitaire » qui arrêtera cette folle hémorragie de cette société en souffrance. Cela fait trop longtemps que le bien-être de la génération présente est hypothéqué à cause de l’égocentrisme des faux-amis et des traîtres fils de la patrie. D’une part, ils concoctent un projet de déstabilisation des superstructures du pays ; d’autre part, ils prétextent nous consoler en des programmes migratoires qui faciliteraient l’expatriation de ceux qui en sont capables. Finalement, c’est quoi le mobile caché de ces projets qui affaiblissent les institutions et le capital humain du pays ?

Tout au moins pour se laver la conscience, le trident de l’Occident « omnipotent et omniprésent » qui se croit être le sauveur de l’Hémisphère devrait implémenter des mesures géopolitiques soutenables en de franches coopérations à ancrer dans une vision de codéveloppement.

 

Déception

Ceux qui forgent les moyens de s’exiler se trompent de croire que léguer le pays aux criminels à sapates et aux bandits à cravates se révèlerait la solution pour se procurer la joie et la paix intérieure. C’est au moment où ils sont redescendus sur terre au constat de certains chocs culturels voire des affrontements xénophobes que les nouveaux détenteurs de la résidence temporaire « lòtbò dlo » verront qu’on leur a vendu un faux paradis. Les plus conscients réaliseront que quoique l’on puisse faire, il restera toujours en l’état actuel des choses un bon nombre de parents, d’enfants et de jeunes prometteurs incapables de se procurer un passeport. Les projets d’inclusion sociale exigent que la majorité soit toujours la cible.

À défaut du stress généré par le risque de l’insécurité grandiloquente, les rescapés du kidnapping n’échapperont pas de la domination d’une pénible nostalgie qui rappelle leur connexion viscérale avec la terre d’origine. Il n’y aura jamais suffisamment de canots de sauvetage pour sauver tous les passagers du Titanique. Si Rose s’échappe, Jack s’écroulera. Un être cher va toujours y rester pour hanter notre esprit dans notre factice inconfort sous d’autres cieux « cléments ». Si ce n’est pas un frère, c’est une sœur, sinon un cousin ou un bon ami. Partir pour un autre pays ne résout jamais le problème en profondeur. « There’s no place like home ». Les multiples tribulations - climatiques, racistes ou culturelles - de nos compatriotes en Europe, en Amérique du Nord et surtout en Amérique latine témoignent de l’inefficacité de l’approche de l’exil pour changer nos conditions de vie.

 

En effet, en raison de la farouche discrimination et de l’extrême xénophobie dont ils sont l’objet, nos compatriotes peinent à s’intégrer dans les sociétés de l’Amérique latine qui ne leur souhaitent pas véritablement la bienvenue. En plus de la discrimination raciale, nos compatriotes sont confrontés à des obstacles majeurs pour s’intégrer sur le marché du travail. Ils sont donc pour la plupart en chômage sinon ils sont la proie d’une exploitation outrancière des patrons ravisseurs qui sont informés de leurs déficits de statuts migratoires. Par l’énergie du désespoir, les descendants des pionniers de la liberté dans la région ont in fine transformé le Chili et le Brésil en pays transits. Insatisfaits de leurs conditions de vie ignobles en Amérique latine, nos compatriotes seraient prêts à traverser la mer rouge à la nage dans l’espoir d’obtenir un ticket d’entrée au « factice paradis », les USA. Le Mexique devient alors une nouvelle destination transitaire qui peut durer longtemps dans l’impatience de se faufiler vers le Texas.

 

Dépression

C’est en de monstres arbitrages de liquidation de terrains, de ventes de biens privés et des épargnes forcées que les exilés du tableau macabre dépeint par le PHTK ont fui le pays d’origine. Il s’agit d’un plongeon dans l’inconnu, sans soutien, sans moyens, sans informations adéquates. Cependant, les évènements sanglants survenus lors de l’administration houleuse du régime politique criminel en vigueur donnent raison à ces citoyens qui se sont frayé un chemin pour échapper au kidnapping et aux assassinats gratuits. Étudiants, professionnels, policiers, etc. ; ce sont toutes les catégories sociales qui abandonnent leurs projets au pays pour se jeter « lòtbò dlo ».

Il est regrettable de constater que les énormes sacrifices consentis en plusieurs années par ces compatriotes bafoués par ce système inique ne soient pas rentabilisés. Deux ou trois ans après leurs voyages spectaculaires non calculés, leurs investissements et leurs efforts peuvent être volatilisés en une semaine ou un mois lors de la traversée de l’Amérique latine vers le Mexique qui coûte des milliers de dollars. « De l’argent jeté par la fenêtre ».

Sans compter les hauts risques encourus dans les mornes et les forêts sauvages, cette initiative d’un nouveau départ peut être perçue comme un mouvement « kamikaze » dans la mesure où la garantie d’atteindre « la fausse terre promise (les USA) », est très minime. À preuve, après avoir atteint le Mexique, ils sont légion à être renvoyés au bercail dans l’humiliation et la violation flagrante des principes établis par les conventions internationales sur la migration. Alors que les enfants et l’autre moitié attendaient leurs billets d’entrée pour retisser les liens familial et conjugal déstabilisés par la misère et l’insécurité, le pèlerin en quête d’un mieux-être pour sa famille est revenu bredouille. Dans le dépouillement, dans la honte et dans un climat de sécurité davantage délétère, la réintégration du déporté se vit comme un périple à la Golgotha.

La Convention des Nations Unies sur les droits des migrants, entrée en vigueur depuis le 1er juillet 2003, stipule : « Qu’ils soient en situation régulière ou irrégulière, les migrants ont tous droit à un minimum de protection ». Pourtant, malgré le contexte de grande turbulence politique qui sévit en Haïti et qui a poussé des Haïtiens à fuir le pays, les USA ont réservé des traitements inhumains et dégradants à ces gens vulnérables en quête de nouvelles perspectives sociales et économiques.  En violations aux principes des droits humains et des prérogatives normatives et contraignantes des conventions, c’est en de graves abus et des atteintes à leur dignité que la majorité de ces Haïtiens tourmentés ont été refoulés en Haïti. « Shame on You ! ».

Ce retour scandaleux à la case départ de certains compatriotes frustrés s’accompagne de perte de plusieurs milliers de dollars après un cycle difficile de désépargne et de surendettement. C’est par la résilience que certaines familles arrivent à encaisser ce coup dur. N’empêche que l’on parlerait de quelques cas disparates de suicides. L’être humain étant fragile sur le plan émotionnel, des suivis psychologiques auraient dû être assurés au bercail afin d’accompagner ces victimes. Mais, ce serait le cadet du souci de ce gouvernement criminel piloté par un neurochirurgien impassible à la douleur de la nation.

 

Acéphalie

Puisqu’il s’avère que la politique haïtienne est pilotée par l’incompétence et la cupidité, alors tout le corps social en paie les conséquences au prix fort. Ce vide politique abyssal accouché par cette démocratie ridicule qui compte zéro élu à la tête de la Cité et aux entités communales est un cocktail explosif fomenté dans l’exclusivité. Au cours de ce contexte d’une passoire décousue qui accueille tous les débris et les ivraies aux axes stratégiques sans évaluation aucune, et si Ariel choisissait Izo ou Mawozo comme ministre de l’Education nationale ? Quand tous les dirigeants sont juste parachutés comme des extraterrestres dans les affaires stratégiques d’une société, on n’aurait pas tort de s’inquiéter que cette société serait la voie par laquelle le scandale de l’Armageddon est arrivé. Haïti est en chute libre dans un parachute déchiré par une « Tornade gwovan tilapli» déjouée de sa cible. Décidément, il faut un halte-là aux plaisanteries politiques de mauvais goût qui donnent de la céphalée.

Tant et aussi longtemps que les gens de bien donnent libre cours à la bêtise et au vagabondage de squatter l’espace politique, ce ne sera pas une surprise d’avoir le naufrage en héritage. Cela fait plusieurs années que nous réitérons : « chaque jour en plus sous cette domination diabolique du PHTK est un jour de plus vers la catastrophe ultime ». Nous n’avons jamais feuilleté ni auditionné qu’un pays saurait se détacher des liens démoniaques de l’instabilité, de l’insécurité et de la corruption s’il est gouverné par un cartel criminel narcotique. Les administrations précédentes ont évidemment commis des erreurs. Mais, il ne fait aucun doute que le régime cruel PHTK est la boite de pandore de laquelle Haïti doit se débarrasser dans la vélocité afin de rétablir l’autorité de l’État. 

À travers des rapports techniques produits par des institutions locales ainsi que des entités internationales, nous avons vérifié que les principaux capitaines de ce régime malveillant sont impliqués dans des crimes de sang, financiers et de lèse-patrie. Pourtant, nous constatons que le PHTK poursuit son chemin destructeur à la tête de notre pays. Je ne comprends guère cette collusion maléfique de la communauté internationale avec la mafia au pouvoir alors que le Canada, la France et les États vantent le respect des conventions et des institutions.  Paradoxe !

 

La Parole divaguée

« Parole » procure une certaine satisfaction éphémère à des familles certes. Mais, cette nouvelle disposition migratoire sape les projets d’une solution soutenable au profit d’Haïti. Un support valable des acteurs étrangers devrait plutôt porter sur des actions concrètes qui visent à éradiquer les gangs des bidonvilles et des villes afin d’inviter les jeunes à y rester et à revenir afin de contribuer à son développement.

De la même façon qu’un moteur ne saurait tourner s’il est dépourvu d’huile, il n’y a pas moyen d’emprunter une nouvelle trajectoire sans expulser des axes stratégiques le PHTK et ses alliés détraqués d’ici et d’ailleurs. Un retour à l’équilibre requiert l’implication d’une masse critique de citoyens compétents et intègres dans la sphère politique. Par ricochet, une fuite inversée des cerveaux en constitue la clé de voûte, car aucune société du siècle présent ne peut se construire qu’avec des ressources humaines dignes et compétentes. Il nous faut au corpus de la politique publique un programme qui implémente le projet de « Reverse Brain Drain ». Ce, afin de permettre aux plus de 80% des Haïtiens les mieux formés qui font miroiter les systèmes occidentaux de s’impliquer au développement du pays d’origine.

 

Haïti est prise entre l’enclume d’une communauté internationale perfide experte dans l’hypocrisie et le marteau d’un régime politique cynique champion dans les crimes de toute forme. Le mariage indécent entre Core-Group et PHTK coûte très cher à la génération présente qui vit le stress de l’insécurité au quotidien. Professeur Jean Mary Théodat relatait dans une interview à France 24 que les Haïtiens vivent comme des rats.  À ce stade critique du piège de la conspiration internationale, seul un complot salvateur entre les éléments de l’intelligentsia probe saura remettre à l’heure les pendules de la stabilité afin de renouer avec l’espoir de prendre les rails de la modernité.

 

Carly Dollin

carlydollin@gmail.com

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